Des étudiants rouges de colère
L’année 2012 a été marquée par les carrés rouges, les émeutes et une crise sociale hors du commun. «C’est sûr qu’il y a de la colère et qu’on veut faire reculer le gouvernement Charest», déclarait Léo Bureau-Blouin au Journal de Québec en janvier 2012.
Les associations étudiantes étaient sur le pied de guerre depuis plusieurs mois pour empêcher le gouvernement d’augmenter les droits de scolarité à l’université de 325 $ par an pendant cinq années consécutives. Le 22 mars, plus de 200 000 étudiants descendaient pacifiquement dans les rues de Montréal dans une manifestation qui allait s’avérer le déclencheur du «printemps érable».
D’autres manifestations monstres allaient suivre, au quotidien et de moins en moins pacifiques.
Au plus fort de cette agitation, plus de 180 000 étudiants des cégeps et des universités faisaient grève.
« Dans le Nord »
Le 20 avril, une manifestation tournait à l’affrontement alors que le premier mi- nistre Jean Charest s’adressait à un parterre de gens d’affaires venus l’entendre parler du Plan Nord au Palais des congrès de Montréal. «À ceux qui frappaient à la porte ce matin, on pourrait leur offrir un emploi, et dans le Nord autant que possible » , avait ironisé le premier ministre pendant que manifestants et policiers s’affrontaient dans la rue à coups de briques et de matraques.
Trois tentatives de rapprochement entre le gouvernement et les associations étudiantes se sont soldées par des échecs. Les bonifications au régime de prêts et bourses et l’étalement de la hausse des droits de scolarité sur sept ans au lieu de cinq ont laissé les associations étudiantes de glace.
Injonctions
Début mai, une nouvelle manifestation tournait à l’émeute à Victoriaville, où les libéraux étaient réunis en conseil général. Des étudiants furent grièvement blessés et un policier roué de coups.
Pendant ce temps, à Québec, la ministre Line Beauchamp rencontrait les chefs étudiants pour une deuxième ronde de négociations en présence des trois chefs syndicaux. L’entente de principe conclue le 5 mai fut massivement rejetée par les associations étudiantes, qui ont accusé le gouvernement de l’avoir sabotée.
Pendant que des étudiants arborant le carré rouge poursuivaient la grève, d’autres affichant le carré vert demandaient aux tribunaux qu’on leur permette d’as- sister à leurs cours. Les injonctions favorables aux carrés verts eurent un effet explosif sur les campus, où des grévistes bloquèrent les accès aux salles de cours, déclenchant de nouveaux affrontements.
À la mi-mai, Line Beauchamp quittait ses fonctions de ministre et de députée pour être remplacée par la présidente du Conseil du trésor Michelle Courchesne. Au même moment, le gouvernement Charest faisait adopter son projet de loi matraque imposant de nouvelles restrictions à la tenue de manifestations et des sanctions sévères aux contrevenants.
Une quatrième négociation s’est soldée par un échec, fin mai, le gouvernement choisissant de lever le nez sur une proposition des étudiants de geler les droits de scolarité en contrepartie de l’abolition des crédits d’impôt. L’opération pouvait se faire à coût nul.
Le 1er août, Jean Charest déclenchait une élection générale pour être chassé du pouvoir le 4 septembre. Le gouvernement Marois a annulé l ’ augmentation des droits de scolarité et lancé les préparatifs pour la tenue d’un sommet sur l’avenir des universités.