Le Québec et le pétrole
Un des enjeux qui soulèvera des débats importants en 2013 sera certainement celui de la place du pétrole au Québec. J’ai souvent dit qu’il fallait réduire notre dépendance au pétrole, mais cela ne veut toutefois pas dire que nous devons nous opposer a priori à l’exploitation de cette ressource sur notre territoire.
Certains environnementalistes refusent catégoriquement d’envisager cette possibilité. Cependant, il est assez paradoxal de constater que ces mêmes personnes citent souvent la Norvège en exemple pour le respect que ce pays accorde à l’environnement. La Norvège, faut- il le rappeler, est un des principaux producteurs de pétrole et de gaz naturel au monde! Cela n’empêche aucunement ce pays d’être exemplaire, car, d’une part, il exploite ces ressources dans le respect de l’environnement et, d’autre part, il investit une partie importante des profits dans les énergies propres. De plus, ce pays n’a pas de dette et s’est pourvu de programmes sociaux enviables.
LES BONNES CONDITIONS
Nous devons nous inspirer de l’exemple norvégien. Cela exige au départ de déterminer les critères qui guideront la prise des décisions. Il faut, premièrement, que toute décision reçoive le feu vert environnemental, ce qui inclut l’acceptabilité sociale qu’il ne faut pas confondre avec le syndrome du « pas dans ma cour ». Il faut, deuxièmement, que l’utilisation de la ressource améliore notre bilan énergétique, c’est-à-dire qu’il y ait diminution des gaz à effet de serre dans la somme de nos activités en raison de l’ensemble des politiques adoptées par notre société. Enfin, troisièmement, il faut bien sûr que le projet soit rentable.
RENTABILITÉ FINANCIÈRE
En nous donnant de tels critères, nous pourrions étudier de façon rigoureuse l’exploitation du pétrole sur l’île d’Anticosti. Si, après analyse, nous en arrivions à la conclusion qu’il n’y avait pas de problème au niveau de l’environnement et que notre bilan énergétique global s’améliorerait par la mise en place de mesures «vertes» (ex. électrification des moyens de transport) ajoutées à l’élimination des gaz à effet de serre liés au transport du pétrole nous provenant de l’étranger, deux des conditions seraient remplies.
Quant à la rentabilité financière, nous diminuerions de façon importante le déficit de notre balance commerciale, dont la principale part est due à l’importation de pétrole.
De plus, nous pourrions développer une politique budgétaire qui accorderait une partie des profits aux programmes de l’État, une autre pourrait être versée au remboursement de la dette et une troisième à un fonds pour développer des énergies propres.
PÉTROLE ALBERTAIN
En 1963, le fédéral créait la ligne Borden qui empêchait le pétrole de l’Ouest d’être raffiné à l’est de Sarnia, ce qui réduisit radicalement l’importance de l’industrie pétrochimique à Montréal. Aujourd’hui, on veut revenir en arrière et inverser le transport du pétrole vers Montréal.
Avant de prendre toute décision, une étude rigoureuse s’impose. S’il s’agit de pétrole conventionnel, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais s’il s’agit de celui des sables bitumineux, il est peu probable que l’oléoduc actuel puisse résister à la corrosion provoquée par ce type de pétrole. Les dangers pour l’environnement pourraient donc être extrêmement graves. On ne pourrait conséquemment accorder le feu vert à ce projet.