Les refuges surchauffent
Tout est mis en oeuvre pour ne laisser personne dehors
Alors que le mercure descendra aujourd’hui jusqu’à - 20 degrés Celsius à Montréal, les refuges pour sans- abri mettent tout en oeuvre pour ne laisser personne dans la rue.
«On ne refuse personne. S’il le faut, on met des lits de camp et des matelas dans les corridors», explique le directeur général de la Mission Old Brewery, Matthew Pearce.
Même son de cloche à la maison La rue des femmes qui, en plus d’offrir un lit pour la nuit, opère aussi un centre de jour qui permet aux femmes de rester au chaud toute la journée.
« Nous sommes à pleine capacité comme toujours, mais on s’organise tous ensemble pour que personne ne soit dehors», dit la directrice adjointe de l’organisme Nathalie Duhamel.
La Mission Old Brewery, qui héberge quelque 300 hommes en situation d’itinérance toutes l es nuits, en accueille également près de 200 pendant la j ournée dans son café internet.
En fin d’aprèsmidi hier, l’équipe de la Mission ne s’attendait toutefois pas à recevoir plus de monde que lors d’une soirée d’hiver habituelle.
« Qu’il fasse - 10 ou - 30, personne ne veut dormir dehors de toute façon, donc il n’y a pas une grande différence», explique M. Pearce.
La nuit dans un trou de glace
Sylvain Gosselin a passé sa dernière nuit dehors il y a deux semaines. Trop défoncé pour se présenter au refuge, ce Gaspésien de 52 ans a passé la nuit dans un trou de glace.
Un de ses compagnons d’infortune, Alfred Mallette, n’a pour sa part pas passé une nuit dehors depuis un an. Mais il garde un souvenir sombre d’une nuit d’hiver passée sur un vieux matelas tiré à la hâte sous un balcon.
«Je ne connaissais pas la Mission à ce moment-là. Je ne savais pas où aller», se souvient-il.
Dans quelques jours, après un an dans la rue, Alfred aura les clefs de son nouvel appartement. À 68 ans, il espère ne plus jamais replonger.
Sylvain, lui, souhaite que 2013 lui donne la force de décrocher de la cocaïne, mais il avoue qu’après près de 20 ans de bénévolat à la Mission Old Brewery, il s’y est attaché.
«Ici, je suis deux jours sans rentrer et tout le monde s’inquiète » , confie- t- il le sourire aux lèvres, alors qu’il s’apprête à servir le repas du soir.