L’omniprésence des hommes au grand écran
Au Québec, 72% des héros présentés au grand écran sont des hommes. Pourquoi? Parce que la plupart des longs métrages de fiction sont réalisés par des hommes et qu’ils favorisent la mise en scène de personnages principaux masculins.
Une étude présentée hier par le collectif Réalisatrices équitables, dans les locaux de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), a conclu que le sexe du cinéaste influence grandement le contenu de ce qu’on trouve à l’écran.
L’étude soutient que «les réalisateurs mettent principalement en scène des héros masculins tandis que les réa- lisatrices imaginent plus de premiers rôles féminins. Or, puisque très peu de films de réalisatrices sont produits chaque année au Québec, les personnages principaux féminins s’avèrent sous-représentés sur nos écrans».
Après avoir recensé près de 900rôles et scruté à la loupe 290 personnages d’une quarantaine de longs métrages réalisés en 2010 et 2011, la sociologue Anna Lupien, en collaboration avec Francine Descarries, a publié l’étude L’avant et l’arrière de l’écran : l’influence du sexe des cinéastes sur la représentation des hommes et des femmes dans le cinéma québécois récent.
Des personnages stéréotypés
L’étude nous apprend que les personnages féminins mis en scène par des réalisateurs sont davantage sexualisés, et répondent aux standards de beauté dominants. Quant à elles, les réalisatrices sexualisent leurs personnages féminins presque cinq fois moins que les réalisateurs, toujours selon l’étude.
Mythe de l’égalité
«Il est important de démystifier le mythe de l’égalité, a précisé la sociologue Francine Descarries. On a l’impression que les choses changent, mais c’est plus lent que ce qu’on pouvait anticiper. Les femmes continuent d’être discriminées dans la société québécoise.»
Une plus grande équité amènerait «une diversité de points de vue, d’histoires et de personnages, en enrichissant notre paysage cinématographique», selon Marquise Lepage, présidente de Réalisatrices équitables.