PRÈS DE 300 POSTES VACANTS
L’embauche de pharmaciens dépanneurs dans les hôpitaux pour pallier la pénurie grimpe en flèche et a coûté au moins 15 millions $ l’an dernier, selon un sondage obtenu par le Journal.
« Le dépannage est la bouée de secours, avoue François Paradis, président de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES). Mais, ce n’est pas l’idéal. Ces gens- là ne font que le travail de base.»
15 M $ EN DÉPANNAGE
La pénurie de pharmaciens dans le réseau se poursuit de plus belle, constate l’APES dans son sondage annuel réalisé auprès des départements de pharmacie partout au Québec.
Les pharmaciens dépanneurs ont travaillé l’équivalent de 10 152 jours en 2012- 2013. Il s’agit d’une hausse de 17 % par rapport à l’an dernier (8650 heures).
Selon le syndicat, toutes ces heures, qui ont coûté au moins 15 millions $, sont l ’ équivalent de 150 pharmaciens à temps complet. Dans le sondage, la moitié des départements de pharmacie avaient eu recours au dépannage.
«La hausse exprime la situation précaire des effectifs dans laquelle on se trouve dès qu’un employé part en congé de maternité ou de maladie», souligne M. Paradis.
JUSQU’À 1500 $ PAR JOUR
Les professionnels qui font du dépannage sont soit en congé sans solde, en vacances ou des travailleurs autonomes. Selon l’APES, un pharmacien dépanneur peut coûter jusqu’à 1500 $ par jour, en raison des frais de déplacement et d’hébergement.
Voilà une quinzaine d’années que la pénurie de pharmaciens en établissements, la pire du réseau, s’amplifie. Actuellement, on compte 288 postes non comblés dans les établissements, soit 23 % des 1265 postes. En 2007, 17 % des postes étaient vacants.
Les pénuries varient d’une région à l’autre, mais les secteurs éloignés sont plus touchés (voir carte). Or, 104 postes étaient vacants à Montréal (23 %).
Et malgré la hausse des salaires, le recrutement des étudiants demeure difficile (voir autre texte).
LES SOINS AFFECTÉS
Autre fait inquiétant: 15 des 104 départements qui ont répondu au sondage avaient un manque d’effectifs de plus de 50%. Selon M. Paradis, ces pénuries entraînent des risques au niveau des soins.
«La qualité et la sécurité des traitements peuvent être remises en cause parce que la supervision n’est peut-être pas toujours adéquate», dit-il.
Depuis 2009, les pharmaciens qui prolongent leur semaine de travail de 36,25 h à 40 h reçoivent une prime, ce qui équivaut à l’ajout de 106 pharmaciens à temps plein.