Pas de religion dans les garderies !
Cet été, je vous ai parlé de la crèche Baby Loup, en France.
Cette garderie privée s’est retrouvée dans la tourmente en 1991 lorsque la propriétaire a congédié une éducatrice qui ne voulait pas enlever son voile lors des heures de travail.
UN PING- PONG JURIDIQUE
L’éducatrice (qui, pendant quatre ans, avait accepté de laisser son voile dans le vestiaire sans faire d’histoire) a poursuivi sa patronne pour discrimination et l’affaire s’est retrouvée devant les tribunaux.
En 2011, la Cour d’appel de Versailles a donné raison à la propriétaire, mais le 19 mars 2013, la Cour de cassation a annulé ce jugement, alléguant que la loi sur la laïcité ne s’appliquait pas aux garderies privées, mais seulement aux institutions publiques.
Or, il y a du nouveau dans cette affaire qui a mis la France sans dessus dessous.
Le procureur général de la Cour d’appel de Paris vient de rédiger un rapport de 21 pages sur la question.
Non seulement est-il en désaccord avec le jugement de la Cour de cassation, mais il condamne — et dans des termes assez durs, merci — le port du voile dans les garderies, qu’elles soient privées ou publiques.
Voici des extraits de son rapport qui va faire couler beaucoup d’encre…
" Les adeptes du voile n’ont pas à imposer leur idéologie communautariste aux clients des garderies."
CONTRE LE COMMUNAUTARISME
« Il est essentiel de souligner que la liberté de conscience et de religion ne protège pas n’importe quel comportement.
« S’agissant du port du voile, il convient de rappeler ici que les théologiens de l’islam sont divisés sur la question de savoir s’il s’agit d’une prescription religieuse ou d’une pratique individuelle laissée à la libre appréciation des croyants. En cette matière, il n’y a donc pas de consensus.
« Le public accueilli par la crèche Baby Loup est constitué d’enfants âgés de 2 mois à 3 ans. Ces enfants sont particulièrement influençables non seulement parce qu’ils sont en bas âge, mais aussi parce qu’ils appar- tiennent à des familles socialement très fragiles ce qui les rend encore plus réceptifs au modèle que leur donnent les personnes de ce lieu de stabilité sociale et affective qu’est une crèche.
« Il apparaît donc que la volonté affichée de l’association Baby Loup d’appliquer dans le cadre de ses activités le principe de neutralité religieuse correspond à une préoccupation actuelle et largement répandue dans la société française.
« Elle répond aussi à une attente forte de parents de jeunes enfants confrontés au développement des communautarismes qu’ils n’entendent pas se voir imposer au nom de leur propre liberté de conscience… »
UN SIGNE RELIGIEUX ? PAS SÛR !
Pour ce procureur général, c’est clair : la garderie est un lieu NEUTRE et les adeptes du voile n’ont pas à imposer leur idéologie communautariste aux enfants ou aux parents.
De plus, comment peut-on dire que le port du voile est protégé par la liberté de religion alors que les théologiens de l’Islam eux-mêmes ne sont pas d’accord si le Coran oblige les femmes à le porter?
J’espère que le gouvernement Marois s’inspirera de ce jugement et ne reculera pas sur l’interdiction du voile dans les CPE.
QUESTION QUIZ
En passant, une question, comme ça : comment se fait-il qu’il y ait autant de femmes voilées qui tiennent à travailler dans les CPE ?