Les «Janette» s’expliquent
Janette Bertrand rappelle qu’ « il n’y a pas de bonheur dans la soumission »
De l’avis de l’auteure Janette Bertrand, les femmes voilées se soumettent ainsi aux hommes sans s’en rendre compte. Au lendemain de la publication d’une lettre appuyant la charte des valeurs québécoises, des signataires s’expliquent.
Pour Mme Bertrand, la montée de certaines croyances au Québec, particulièrement l’Islam, menace les acquis du féminisme.
«Ce qui est menaçant, c’est de montrer aux jeunes femmes qu’il y a du bonheur dans la soumission. Que les femmes sont un sexe ambulant et que si elles se découvrent, les hommes risquent de leur sauter dessus » , affirme-t-elle.
L’auteure est l’instigatrice d’une lettre appuyant l’idée d’une charte de la laïcité pour assurer l’égalité hommes- femmes. La missive est signée par 20 Québécoises qui se sont rebaptisées les «Janette».
Le débat faisant rage autour du projet de charte, qui veut notamment interdire le port de signes religieux ostentatoires pour l es employés de l ’ État, i nquiétait cette féministe.
«Plus ça allait, plus j’entendais des femmes islamistes en entrevue dire qu’elles n’étaient pas soumises, indique- t- elle. C’est quoi ce féminisme? Il ne faut voir aucune peau, comme si la femme était péché. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.»
En entrevue à la radio 98,5 FM hier, la metteure en scène et cosignataire Denise Filiatrault a aussi nié que porter le voile était un choix.
« Quand elles ne le portent pas, elles se font réprimander quand c’est pas pire et au bout, quand ça marche plus, on les sacre dans le l ac. C’est notre choix? Voyons donc, ce sont des folles » , a- t- elle martelé.
« PAS RACISTE »
L’idée d’une lettre commune est née après des tables de discussion sur la charte, organisées par la comédienne MarieAnne Alepin, cosignataire.
«J’étais troublée de ce qui s’est dit, se faire traiter de raciste. La laïcité n’est pas raciste, [...]. Ça permet de gérer le vivre ensemble dans les sociétés modernes qui sont multiples et complexes», estime-t-elle.
Pour cette femme aux origines françaises et syriennes, réfléchir sur l’égalité hommesfemmes a débuté dès 5 ans.
« C’était égal à l’école, mais arrivée chez moi, je faisais la vaisselle avec ma mère et pas les garçons», raconte-t-elle.
Elle ne croit pas qu’une charte de la laïcité est discriminatoire envers l es f emmes voilées.
«Je pense beaucoup à ces femmes-là, mais si ta religion t’empêche de travailler, tu as un gros problème » , avance- t- elle. Si elles sont d’accord sur le principe d’une charte, les signataires de la lettre ne s’entendent pas toutes sur son contenu.
Pour Mme Alepin, les élèves des écoles primaires et secondaires devraient aussi s’abstenir de porter des signes religieux.
Pour la conférencière Michelle Blanc, le crucifix devrait quitter l’Assemblée nationale et le financement aux écoles confessionnelles devrait cesser.
AUSSI POUR LES HOMMES
C’est aussi ce que croit l’étudiante et ex- hassidique Rivkah Katz. Elle n’approuve pas toutes les propositions de la charte des valeurs québécoises telle que proposée actuellement, mais pense qu’un cadre est nécessaire.
Toutefois, pour cette signataire de la lettre, une charte profiterait plus aux hommes qu’aux femmes dans son ancienne communauté.
«Les hommes ne reçoivent pas une éducation laïque complète, mais les femmes, oui, explique-t-elle. Ça les handicape, ils peinent à intégrer la société»