La police poursuivie pour 665 000 $
La famille d’une femme assassinée par son ex- conjoint accuse la police de négligence
Pour la famille de Maria Altagracia Dorval, tuée par son ex- conjoint, la police a mal agi en ne faisant pas le suivi de trois plaintes pour violence conjugale. Elle réclame maintenant 665 000$ de dédommagement.
Dès août 2010, Maria Altagracia Dorval avait eu des craintes pour sa sécurité. C’est que la femme de 28 ans avait quitté son mari Edens Kenol, mais ce dernier acceptait mal la rupture.
Il croyait d’ailleurs que sa f emme avait t rouvé un autre homme et la harcelait en l’appelant constamment ou en la suivant, entre autres.
« Maria me trompe, je vais la tuer», avait-il dit à un ami.
TROIS PLAINTES
En trois mois, Maria Dorval avait porté plainte à trois reprises contre Kenol, mais sans résultat. La quatrième fois que la police est intervenue, le 17 octobre 2010, Mme Dorval avait été poignardée à mort.
Kenol, 37 ans, avait été arrêté le l endemain, après avoir préparé un testament vidéo où il avouait le meurtre. Et au printemps dernier, il était reconnu coupable de meurtre prémédité et condamné à la prison à vie sans possibilité de l i bération conditionnelle avant 25 ans.
MEURTRE ÉVITABLE ?
Mais si le meurtrier est derrière les barreaux, la famille de la victime tient la police en partie responsable dans cette affaire.
« Le décès de Maria Dorval aurait pu être empêché, n’eut été des fautes et négligences du service de police ( de Montréal) » , soutient la famille de la victime dans une poursuite au civil déposée au palais de j ustice de Montréal.
C’est que le 16 août 2010, la femme avait appelé le 911, en plus de faire une déclaration écrite où elle disait avoir été l’objet de menaces de mort.
Le mois suivant, Edens Kenol cognait à la porte de son ex- conjointe, disant qu’il allait la tuer. Encore une fois, la police a été contactée, mais Kenol n’a pas été arrêté. Et une semaine avant le meurtre, elle s’était rendue au poste de pol i ce pour porter plainte, mais il n’y a pas eu de suivi.
« L’enquête aurait permis de procéder à l’arrestation d’Edens Kenol, soutient le document de cour. (La police) n’a pas respecté les règles de l’art bien connues en matière d’intervention pour violence conjugale.»
Au total, la famille de la victime réclame pas moins de 665 000 $ à la police, mais aussi à Edens Kenol. L’argent réclamé serait versé aux deux enfants de la victime, à sa soeur, à son père et à sa bellemère.
La poursuite sera présentée à un juge dans deux mois. Mais ce n’est pas le seul dossier dans cette affaire. Cinq policiers sont toujours accusés de négligence devant le comité de déontologie, tandis que Kenol a demandé de porter sa cause en appel.