Une improvisation totale
Les audiences publiques de la Commission ont une nouvelle fois été retardées
La commission Charbonneau a nagé en pleine confusion en reportant deux témoignages à la toute dernière minute hier matin. Celui de Ken Pereira, puis de l’enquêteur Stephan Cloutier.
Oscillant entre manque d’organisation et absence de communication, la commission d’enquête publique a changé deux fois son fusil d’épaule quant à l’ordre de passage des témoins attendus.
Le plan initial était de retrouver Ken Pereira à la barre pour la suite de son contre-interrogatoire. Tombé accidentellement sur la tête la semaine passée, l’exsyndicaliste a subi un traumatisme crânien, forçant la Commission à interrompre ses travaux plusieurs jours jusqu’à son rétablissement, prévu hier matin.
Mais le procureur de la Commission, Me Simon Tremblay, a annoncé à 9h45 que M. Pereira était victime de «complications » et qu’il devait « consulter des spécialistes».
La juge Charbonneau a renchéri que l ’ état de santé du t émoin n’était «pas anodin», en se référant à son dossier médical. Elle a finalement décidé de suspendre la fin de son témoignage «jusqu’à nouvel ordre».
LE PLAN B TOMBE À L’EAU
En l’absence de Ken Pereira, le plan B était d’entendre Stephan Cloutier, un enquêteur de la Commission qui devait apporter des précisions sur les élections des têtes dirigeantes de la FTQ- Construction, en 2008. Mais second coup de théâtre: sa venue a également été annulée.
Pendant son témoignage, la Commission souhaitait faire jouer des écoutes électroniques captées par la Sûreté du Québec, conformément à une décision de la Cour supérieure rendue la semaine dernière et autorisant la juge Charbonneau à utiliser ces preuves.
Mais le Fonds de solidarité la FTQ, qui essaie d’empêcher la diffusion de ces communications par tous les moyens, a décidé de faire appel de cette décision. Il doit être entendu vendredi devant la Cour d’appel.
Ainsi, vers 9h50, «par respect pour la Cour d'appel» qui n'a pas encore pu se prononcer sur la question, la Commission a finalement choisi de reporter le témoignage de l'enquêteur Cloutier.
Pourtant, les écoutes qui devaient être entendues ne concernent ni le Fonds, ni les leaders de la FTQ, a-t-il précisé, ajoutant même que les avocats du Fonds ne s'étaient pas opposés à leur utilisation.
COURS 101 SUR LE FONDS DE LA FTQ
La Commission a alors mis en branle son plan C, en recevant le vice-président aux investissements du Fonds de la FTQ, Gaétan Morin. Comme il restait encore de la paperasse à régler, le témoin ne s’est présenté qu’en début d’après-midi.
Dans un témoignage long et monotone, il a dressé un portrait de son organisation en assurant que le Fonds effectuait des vérifications sur les compagnies qu’il finançait. Mais « le crime organisé, c’est un peu comme un virus, on ne le voit pas venir » , a- t- il fini par nuancer. M. Morin poursuit son témoignage aujourd’hui.