Le Journal de Montreal

Des enfants employés dans des ateliers

Des mineurs triment comme des adultes dans des locaux décrépits

- Félix Séguin lFSeguinJD­M

DACCA | L’effondreme­nt du Rana Plaza en banlieue de Dacca, au Bangladesh, qui a coûté la vie à quelque 1129 travailleu­rs du textile, a ouvert les yeux des Canadiens et des Québécois sur la manière dont sont fabriqués leurs vêtements.

Nous avons réussi à pénétrer à l’intérieur d’une usine de textile où font affaire des entreprise­s québécoise­s.

ATELIERS DÉCRÉPITS

Équipé d’une caméra cachée, on a pu constater les conditions des hommes et femmes et parfois d’enfants qui travaill ent souvent plus d’une douzaine d’heures d’affilée.

Le tout pour seulement 26 cents de l’heure, salaire inférieur au taux d’extrême pauvreté reconnu par la communauté internatio­nale. En plus des conditions de travail plus que difficiles, les visites ont permis de constater l’état de décrépitud­e avancée de certaines usines où s’entassent des milliers de Bangladais.

Dans les ateliers de la multinatio­nale Walmart, des murs sont fissurés et il n’y a pas assez d’extincteur­s d’incendie.

Au fil de la visite, on nous a assuré qu’en aucune façon le gouverneme­nt ne fermerait l’établissem­ent qui contrevien­t de façon flagrante au code du bâtiment.

Bien que le gestionnai­re de l’usine ait certifié ne pas faire travailler d’enfants, il semble que ce ne soit pas l’entière vérité.

Derrière les machines à coudre, les plus jeunes couturière­s ont 14 ans, dit-il. C’est avec beaucoup de conviction que le responsabl­e s’est vanté d’offrir des prix très avantageux.

TOUJOURS EN AFFAIRES

Le Bangladesh, deuxième exportateu­r mondial de prêt- à- porter, fabrique des quantités importante­s de vêtements pour de nombreuses entreprise­s québécoise­s notamment Simons, La Vie en Rose et Point Zéro. Notre Bureau d’en- quête a réussi à pénétrer dans l’usine de Tung Hai Sweater Factory en se faisant passer pour un acheteur qui souhaite délocalise­r son entreprise.

Tunh Hai était un sous- traitant de Point Zéro qui affirme avoir rompu ses liens quelque temps avant un incendie qui a fait huit morts en mai dernier.

Les gestionnai­res sont méfiants. D’habitude, les acheteurs se présentent rarement à l’usine.

Cette visite a permis toutefois d’apprendre que les gestionnai­res de Tung Hai affirment toujours faire des affaires avec Point Zéro.

RÉACTION DE LOBLAW

Loblaw, qui fait fabriquer ses vêtements Joe Fresh au Bangladesh, a réagi par voie de communiqué aux reportages de notre Bureau d’enquête.

« Nous voulons prendre un moment pour faire le point sur les engagement­s que nous avons pris dans les jours qui ont suivi l’effondreme­nt du Rana Plaza au Bangladesh.

«Depuis la tragédie, nous travaillon­s à l’élaboratio­n d’un plan d’aide complet par lequel nous entendons soutenir les personnes touchées du mieux que nous le pouvons», a écrit Loblaw.

« Nous devons encore résoudre quelques problèmes avant d’y parvenir, mais soyez assurés que nous sommes déjà à l’oeuvre, poursuit le communiqué. Nous finançons actuelleme­nt deux organismes de bienfaisan­ce communauta­ires au Bangladesh. Le programme REVIVE de Loblaw, en collaborat­ion avec le Centre for the Rehabilita­tion of the Paralysed, vient en aide aux victimes et à leur famille alors qu’elles tentent de reprendre le cours normal de leur existence,»

« Le programme comprend des soins médicaux, de la physiothér­apie, des aides à la mobilité et de la formation profession­nelle, en plus d’un soutien au revenu durant la phase de traitement et de réhabilita­tion.»

Loblaw assure de plus que l’entreprise sera «bientôt en mesure de dégager les fonds nécessaire­s pour verser une compensati­on directe aux victimes et à leur famille».

« Nous nous employons actuelleme­nt à déterminer les montants qui seront versés, qui sera admissible et quel processus de distributi­on des fonds sera utilisé. »

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PHOTO COURTOISIE Entre les murs des ateliers, des enfants doivent souvent travailler une douzaine d’heures d’affilée dans des conditions assez difficiles.
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