Les « Janette »
Le Québec étant un matriarcat — eh oui! —, il se pourrait que l’intervention très médiatisée de femmes influentes comme Julie Snyder, Denise Robert, Denise Filiatrault et Janette Bertrand fasse une différence pour le projet de charte des valeurs.
Il s’est agi d’une opération exceptionnellement réussie. Un clin d’oeil à ces « Yvette » qui avaient contribué à la victoire du NON au référendum de 1980, auquel il ne manque que la signature de Lise Payette, celle-là même contre laquelle s’étaient déchaînées les « Yvette » libérales à l’époque…
LEGS DES AÎNÉS QUÉBÉCOIS
Les « Janette » les plus connues sont souvent plus âgées, comme Janette Ber- trand elle-même, sans doute la femme la plus influente du Québec issu de la Révolution tranquille.
De la même façon, les appuis au projet de charte sont plus élevés chez les babyboomers que chez les plus jeunes: la liberté individuelle semble devenue pour ces derniers LA grande valeur.
On peut voir l’affaire comme une ultime tentative des aînés québécois, à qui on a parfois reproché de ne pas avoir suffisamment transmis de valeurs à leur progéniture, de lui léguer des institutions favorisant la laïcité et l’égalité des sexes.
Après ce sondage Léger Marketing, où le PQ semble s’approcher du seuil d’appui chez les francophones lui faisant espérer une majorité, l’opération « Janette » est un élément qui jouera en faveur d’une élection anticipée. D’autant plus que, à certains égards, l’avenir s’annonce difficile pour un gouvernement minoritaire qui disposera d’une marge de manoeuvre politique rétrécie dans les prochains mois.
LE GOUVERNEMENT NE POURRAIT- IL PAS S’ENTENDRE AVEC LA CAQ ?
COMME LA GUERRE…
Cela dit, déclencher des élections, c’est comme aller en guerre: on sait comment ça commence, mais on ne sait pas comment ça finit… Or, alors qu’un début de consensus sur le projet de charte semble se dessiner, le dossier sera enterré à jamais si les libéraux l’emportent.
Pour éviter le tout ou rien, au risque de se retrouver encore une fois le bec à l’eau, le gouvernement ne pourrait-il pas s’entendre avec la CAQ pour faire adopter rapidement une charte minimale?
Quitte à faire un enjeu électoral de l’interdiction des signes religieux chez les fonctionnaires, quelque chose de controversé au sein des élites, mais qui recueille un appui grandissant, semble-t-il, du monde ordinaire.
On s’assurerait à tout le moins de l’existence d’une charte, sur laquelle il serait difficile pour les libéraux, même victorieux, de revenir.
Un mot enfin sur la futilité de l’angélisme en politique, alors que les péquistes, comme les conservateurs de Harper, se refusent à jouer les dindons de la face, en laissant aux seuls partis d’opposition le droit de déclencher des élections alors qu’eux-mêmes sont minoritaires.
De même, les perspectives électorales seraient nettement moins intéressantes pour le gouvernement Marois si on avait adopté cette proportionnelle naguère si populaire dans les milieux intellectuels souverainistes.
Le PLQ serait pratiquement assuré du pouvoir, même sans grand appui au sein de la majorité francophone québécoise…