Le Journal de Montreal

… éliminer la peur du noir

Simon rechigne à l’heure du dodo. Depuis quelque temps, tous les prétextes sont bons pour ne pas aller au lit. « Il y a un monstre dans ma chambre, dit- il. J’ai peur dans le noir! »

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Voilà un problème tout à fait courant entre deux et cinq ans, parfois même plus tard. Pourquoi? C’est simple. Il grandit et devient de plus en plus conscient de son environnem­ent: il y a lui et il y a l’extérieur, qui est incontrôla­ble. Malheur! Il pourrait donc y avoir une sorcière, un monstre, une bête sauvage ou un voleur qui rôde dans sa chambre!

Il est aussi possible qu’il ait accumulé des tensions au cours de la journée et qu’il n’ait pas pu les évacuer. Résultat: il se sent stressé ou impuissant et ce sentiment se transforme en angoisse quand il se retrouve seul. Quand il a peur du noir, il exprime peut-être un conflit intérieur. Vous n’allez pas lui expliquer tout ça. Mais quoi faire?

1 À mesure que la soirée avance, installez une ambiance paisible. Pas de batailles qui pourraient exciter votre enfant. Tamisez l’éclairage, baissez le son de la télévision ou de la musique, intervenez si les jeux sont trop houleux. On se calme!

2 Sécurisez- le. Prenez- le dans vos bras. S’il cherche à expliquer ses frayeurs, écoutez- le. Montrez- lui que vous aimez l’entendre vous parler de ce qu’il vit. Vous pouvez aussi lui raconter comment vousmême avez eu peur du noir quand vous étiez enfant, ce sera un lien de plus entre vous.

3 Adoptez une routine du dodo et maintenez- la. Les répétition­s sont rassurante­s pour les petits. Pensez simplement au nombre de fois qu’ils peuvent regarder un même film sans se lasser. S’ils savent dans quel ordre les événements vont se dérouler, ils sont rassurés. Et c’est encore plus efficace si le rituel est agréable.

4 Évitez les reproches avant le dodo. Du genre: «Tu n’as pas bien fait ta dictée aujourd’hui. » On s’endort mieux quand on n’a pas le sentiment d’être inadéquat.

5 Respectez ses craintes. Vous pourrez en rire ensemble de bon coeur plus tard, quand il sera grand. Pour le moment, il s’agit de le prendre au sérieux tout en lui faisant voir qu’il est protégé.

6 Évitez la superchass­e aux monstres. Pour le détendre, ce n’est pas une mauvaise idée de dire: « On va le rendre si minuscule, ce monstre, qu’il n’existera même plus. » Mais il est préférable de ne pas insister sur une poursuite qui pourrait lui donner l’impression que le monstre existe vraiment. Ce n’est pas le but recherché.

7 Installez une veilleuse. Vous pouvez discuter avec lui pour voir où elle sera branchée: là, où le monstre ne viendra pas! S’il agit pour contrer sa peur, il apprendra plus facilement à maîtriser ses sentiments. Aussi, laissez la porte de sa chambre entrouvert­e.

8 Branchez- le sur du positif : parlez- lui d’une activité plaisante du lendemain ou des prochains jours. Tout cela pour qu’il aille vers le dodo en pensant à quelque chose d’agréable.

9 Continuez à vivre normalemen­t quand il est couché. Entendre ses parents est réconforta­nt pour un enfant. Évidemment, il n’est pas nécessaire de faire la bamboula, mais un bruit de fond agit souvent comme une bonne pluie, ça fait juste mieux dormir.

On se souvient tous de nos terreurs d’enfant: un loup, un cognement dans la fenêtre, un géant sous le lit, une sorcière derrière les rideaux… On a des monstres qui correspond­ent à notre personnali­té et aux événements de notre vie. Quelque chose de profond se joue autour de cette peur du noir, mais si maman et papa nous comprennen­t, ce sera déjà beaucoup plus supportabl­e.

Auteure de nombreux livres de développem­ent personnel, d’alimentati­on, d’éducation et de romans jeunesse, Danielle Choquette s’intéresse de près à tout ce qui touche les relations familiales.

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