Le Journal de Montreal

La rivalité disparaît en quittant la piste

Une camaraderi­e unit les bosseurs de l'équipe canadienne

- Alain Bergeron lABergeron­JDQ

ZERMATT | Assis à la table des « bosseurs » de l’équipe canadienne de ski acrobatiqu­e, on s’étonne du fait qu’ils devront bientôt se déchirer entre eux dans l’espoir de participer aux Jeux olympiques.

Dans l’appartemen­t numéro 19 du Chalet Valaisan, la camaraderi­e dicte les échanges et les coups montés. Comme dans tous les projets communs à l’extérieur du Québec, cette période d’entraîneme­nt annuelle à Zermatt, dans les hauteurs de la Suisse, tisse des liens qui résisteron­t aux joies et déceptions des prochains mois.

Avec Mikaël Kingsbury et Alexandre Bilodeau, qualifiés d’office pour les Jeux, tous les autres engagés dans le processus savent trop bien qu’il n’y aura qu’un maximum de trois autres postes en jeu.

«On ne se cachera pas qu’on se surveille du coin de l’oeil dans la piste durant le jour. On regarde les bonnes manoeuvres que tentent les autres et celles qu’ils réussissen­t moins bien. On parle de ski, on partage les informatio­ns sur la piste et sur la qualité de la neige, mais la beauté de tout cela, c’est qu’on a la faculté de sortir de notre sport quand on rentre à l’appart ement » , explique avec j ustesse Philippe Marquis, vétéran de six années au sein de l’équipe nationale.

DE L’ORGANISATI­ON

Ce soir, c’est justement au tour de Marquis à voir au souper. Porc et salade au menu. Que les mamans se rassurent, il a aussi prévu des légumes. «Moi, pourvu qu’il n’y ait pas de champignon­s», insiste Mikaël Kingsbury en guise de rappel.

L’ambiance collégienn­e n’empêche pas le sérieux dans l’organisati­on quotidienn­e des lieux. Chacun sa journée, les cinq «colocs» prévoient le menu du soir et font leur marché en conséquenc­e. Pour son tour, Marquis est ressorti de l’épicerie du centre du village avec 60 dollars de provisions sous le bras.

L’élu du jour à qui incombent les tâches de la cuisine hérite de ce qui vient avec: vaisselle et ménage. Au bout d’une journée d’entraîneme­nt qui a commencé peu après l’aube, la volonté se laisse parfois désirer.

« C’est comme lorsque vient le temps de passer la tondeuse à la maison. Ça ne nous t ente pas t oujours, mais i l faut bien que quelqu’un le fasse», compare Philippe Marquis.

«Quand ce n’est pas ton tour, par contre, ça te fait une saprée belle j ournée! » , soulève Marc- Antoine Gagnon avec l’approbatio­n de Simon Pouliot- Cavanagh et Eddie Hicks, qui complètent la tablée.

RIEN DE COMPLIQUÉ

Les menus évoluent parfois selon les années d’expérience du skieur au sein de l’équipe nationale. Ou selon son expérience de la vie, tout simplement.

Qui est le pire cuisinier? Sans bruit mais d’un geste spontané, les amis montrent du doigt Mikaël Kingsbury, qui venait de s’absenter de la table.

«Un soir, il avait prévu des hamburgers. Il a déposé une assiette de boulettes congelées au milieu de la table, des pains pas cuits, du ketchup et de la mayonnaise. Il est parti de loin, mais heureuseme­nt il s’est amélioré avec les années», raconte Marquis.

« Hein? De quoi? » , demande Kingsbury en rejoignant le groupe.

«Rien, rien. On parlait d’Eddie quand il skie dans les bosses...»

 ?? PHOTO MATHIEU BELANGER ?? Simon Pouliot- Cavanagh, Eddie Hicks, Philippe Marquis, Mikaël Kingsbury et Marc-Antoine Gagnon s'attablent au terme d'une journée d'entraîneme­nt à Zermatt. La rivalité entre les skieurs durant le jour se transforme en bonne humeur le soir venu.
PHOTO MATHIEU BELANGER Simon Pouliot- Cavanagh, Eddie Hicks, Philippe Marquis, Mikaël Kingsbury et Marc-Antoine Gagnon s'attablent au terme d'une journée d'entraîneme­nt à Zermatt. La rivalité entre les skieurs durant le jour se transforme en bonne humeur le soir venu.
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