Le Journal de Montreal

L’ombre de Jeremy

- LAURENT DUBREUIL Collaborat­ion spéciale – Propos recueillis par Alain Bergeron

Depuis qu’il a annoncé son retour à la compétitio­n avec l’espoir de se qualifier pour les Jeux de Sotchi, nous aurons notre premier véritable contact avec Jeremy Wotherspoo­n en fin de semaine, à Calgary.

Ce sont les sélections pour la Coupe du monde et, comme tous les autres patineurs canadiens, Jeremy y participe. Il est arrivé à Calgary après avoir préparé son retour en s’entraînant à Inzell, en Allemagne.

L’autre jour, je faisais du vélo stationnai­re à ses côtés. Je lui ai demandé si, plutôt que de retourner en Allemagne, il prévoyait demeurer au Canada pour se préparer en vue des deux premières Coupes du monde à Calgary et à Salt Lake City, trois semaines plus tard. Il m’a répondu qu’il voulait d’abord se donner une bonne raison de rester ici en se qualifiant. J’ai trouvé ça humble de sa part.

Je me considère comme privilégié de patiner avec une légende comme lui

PRIVILÈGE

Je peux me tromper, mais il serait surprenant qu’il domine autant son sport comme il le faisait il y a 10 ans. Par contre, je me considère comme privilégié de patiner avec une légende comme lui.

Sans même l’avoir vu en situation de courses, je pense qu’il va réussir son pari d’aller aux Jeux. Il y a deux semaines, il a réussi un chrono de 35,85 s à Inzell, dans une compétitio­n où il a battu des gars qu’on voit en Coupe du monde. À bientôt 37 ans, il a encore démontré qu’il n’est pas un deux de pique!

S’il a décidé de faire un retour après trois années de retraite, et s’il persiste après six mois, c’est parce qu’il perçoit que ça fonctionne. De toute façon, ce n’est pas moi qui irais le contredire, il s’agit quand même du meilleur sprinteur de tous les temps.

Je n’ai pas vraiment discuté avec les autres patineurs du pays de ce qu’ils pensent du retour de Wotherspoo­n. L’un d’eux, Jamie Gregg, n’est sûrement pas contre puisqu’il est son beau-frère. Pour ma part, j’ai toujours pensé que, pour aspirer à appartenir à la catégorie des meilleurs athlètes du monde, il fallait compétitio­nner avec les meilleurs.

INSPIRATIO­N

Je suis passionné de mon sport, je regarde beaucoup de courses sur internet et je m’inspire beaucoup des autres. Ce gars-là est encore considéré comme le patineur le plus rapide de l’histoire. C’est fascinant de savoir que son record du monde de 34,03 s au 500 m, réalisé en novembre 2007, tient toujours. Aucun autre patineur n’a depuis réussi à descendre sous la barre de 34,20 s. Lui, il l’avait réussi cinq fois dans la même saison!

Depuis que j’ai fait 34,66 s pour le record du monde chez les juniors, je sais comment il sera difficile d’effacer celui de 34,03 s. Juste l’idée d’atteindre 33 secondes rend son record encore plus gros.

Ça va prendre un autre Jeremy Wotherspoo­n qui ne se laissera jamais impression­ner par les barrières...

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