Le Journal de Montreal

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa

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Par ma faute, par ma faute, par ma très grande faute!

Mon professeur de latin n’aurait jamais pensé qu’un jour j’utiliserai­s le latin pour expliquer une situation dans le baseball.

L’entraîneur-chef des Tigers de Detroit, Jim Leyland a déclaré qu’il était responsabl­e du fait que le lanceur avait accordé un circuit à Dave «Big Papi» Ortiz. Il a reconnu qu’il n’avait pas avisé son lanceur de ne pas lui lancer des prises.

J’analyse cette situation de trois façons.

La première: pourquoi ne pas avoir utilisé son releveur avec seulement deux coureurs sur les buts au lieu des buts remplis?

Maintenant, la deuxième: un gérant se cache toujours derrière cette fameuse citation «j’aurais dû»! Même si le gérant ne veut pas que son lanceur lance des prises au frappeur, cela ne veut pas dire que le frappeur ne s’élancera pas.

La troisième est plus simple: Jim Leyland est payé quelques millions de dollars pour prendre des décisions. La décision la plus importante qu’il avait à prendre, il ne l’a pas prise.

Le gérant des A’s d’Oakland, Dick Williams avait pris une décision que personne n’avait osé prendre auparavant en Série mondiale. L’un des meilleurs frappeurs des Reds, Johnny Bench était au bâton. Dick a demandé un temps d’arrêt avant de rendre au monticule pour discuter avec son releveur, Rollie Fingers. Bench avait un compte de deux prises et on a fait le signal de lui donner un but sur balles intentionn­el. Debout derrière le marbre, le receveur en a donné le signal à son lanceur.

Mais, à la dernière fraction de seconde, il s’est accroupi et le lanceur a lancé une troisième prise… Bench avait toujours le bâton sur son épaule!

Ma stratégie va déplaire sans aucun doute aux puristes du baseball qui n’oseraient jamais prendre une décision que personne ne risquerait prendre en Série mondiale.

Le seul frappeur que les Tigers ne doivent pas affronter avec le point égalisateu­r au bâton ou en position de marquer, c’est David Ortiz. Il y a deux façons de résoudre ce problème.

La première: le lanceur atteint David Ortiz avec un tir. Croyez-moi Ortiz était le gars le plus surpris du monde lorsqu’il a vu le lancer en plein coeur du marbre, et il n’a pas raté sa chance.

La deuxième: Leyland aurait pu laisser sa marque dans l’histoire du baseball. Comme l’ancien gérant des Diamondbac­ks, Buck Showalter l’avait fait contre Barry Bonds. La seule autre fa- çon qu’Ortiz ne pouvait provoquer l’égalité, c’était de lui donner un but sur balles intentionn­el.

Jim Leyland aurait pu passer à l’histoire comme un grand stratège au lieu d’un gérant qui a fait son «mea culpa».

LE FRAPPEUR DE CHOIX

Le fameux débat sur le frappeur de choix est ouvert à la discussion. La Ligue américaine est-elle meilleure à cause du frappeur de choix? La stratégie d’un gérant est-elle la même dans les deux ligues?

Commençons d’abord avec les changement­s de lanceurs. Lors du deuxième match de la série des Dodgers-Cards, le gérant des Dodgers devait remplacer son lanceur par un frappeur suppléant. Dans la Ligue américaine, ce problème n’existe pas.

Pour les gérants d’estrade, le spectacle est-il meilleur avec deux présences au bâton d’un lanceur ou celle de David Ortiz?

La beauté du baseball, c’est que dans le match suivant, ce ne sont plus les mêmes lanceurs partants. Les Tigers peuvent-ils rebondir? Je le crois, sauf que les Red Sox sont de plus en plus confiants!

LE DÉCÈS D’UN AMI

Le travail le plus solitaire dans le monde du baseball est celui d’un arbitre. Depuis 1996 deux arbitres actifs sont décédés.

En 1996 lors du match d’ouverture des Expos, à Cincinnati, je me suis rendu dans le vestiaire des arbitres une heure avant le match.

Autant les arbitres me choquent, autant ils sont des amis.

Lors de cette journée fatale à Cincinnati, j’avais discuté avec l’arbitre John McSherry de ses activités pendant l’hiver. Nous nous étions donné rendezvous pour prendre un repas après un match lors de son prochain séjour à Montréal.

Le match s’est amorcé et John est décédé sur le terrain victime d’un arrêt cardiaque.

Lundi dernier, Wally Bell, un autre de mes amis parmi les hommes en bleu, est décédé d’un arrêt cardiaque.

Il était parmi le groupe d’arbitres dans la série des Pirates-Cards. J’adorais taquiner Wally, 48 ans, car je lui avais expliqué que lorsqu’il retirait un frappeur sur décision je déclarais «la cloche avait sonné».

Comme la majorité des arbitres, il aimait la ville de Montréal pour ses restaurant­s.

Le travail d’un arbitre est très ingrat, mais on ne peut jamais mettre en doute son intégrité.

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PHOTO REUTERS Jim Leyland a reconnu avoir commis une erreur en ne disant pas à son lanceur de lancer des balles à David Ortiz.

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