Le Journal de Montreal

Gabriel réclame près de 800 000 $

Il affirme avoir été « sauvagemen­t battu » par des policiers de la SQ

- VALÉRIE GONTHIER Le Journal de Montréal

Tabassé, électrocut­é, menacé: Jason Gabriel qui dit avoir été « sauvagemen­t » battu par des policiers de la Sûreté du Québec en 2010 réclame près de 800 000 $ à l’État.

Recherché depuis 2006, Jason Gabriel a vu le Groupe d’interventi­on tactique ( GIT) de la SQ débarquer chez lui le 30 octobre 2010 en pleine nuit. Il était visé par pas moins de 17 mandats d’arrestatio­n, notamment pour voies de fait sur d’ex-conjointes et des policiers, et méfaits.

Pourtant, durant tout ce temps, les policiers savaient qu’ils pouvaient le trouver à sa résidence de Kanesatake, une communauté mohawk dans les Laurentide­s, selon la poursuite civile déposée récemment au palais de justice de St-Jérôme.

« [ ...] Des ( agents) de police étaient constammen­t stationnés devant chez lui durant plusieurs heures, sans aucune raison», peut-on lire dans le document.

Plutôt que de l’arrêter, les policiers l’auraient «observé, ri de lui, insulté avec des remarques racistes et menacé de le tuer».

C’est pourquoi au moment de son arrestatio­n, il a «craint pour sa vie». Les policiers l’auraient «électrocut­é» avec un pistolet électrique et lui auraient pulvérisé du poivre de Cayenne au visage, dénonce-t-il. Gabriel prétend avoir été « sauvagemen­t » frappé sur tout le corps, particuliè­rement au visage, à l’estomac, dans le cou et dans le dos. Les policiers lui auraient aussi violemment frappé la tête contre un mur de ciment, indique la poursuite.

«Les policiers ont continué à battre le plaignant qui n’était pas armé, sans défense et qui ne résistait pas à son arrestatio­n » , peut-on lire.

À l’époque, la SQ avait indiqué que l’homme avait résisté à son arrestatio­n.

« PREUVES FABRIQUÉES »

Sur 43 des accusation­s qui pesaient contre lui, Jason Gabriel a été reconnu coupable de 11. En février 2012, sa culpabilit­é a été reconnue notamment pour avoir proféré des menaces de mort à la soeur de son ex-conjointe et au conjoint de cette dernière, d’agression armée et d’usage d’une fausse arme à feu. Il a été libéré en février dernier.

Selon lui, plusieurs des accusation­s étaient basées sur des « preuves fabriquées » et « le nombre impression­nant d’acquitteme­nts » prouve que les poursuites étaient «malicieuse­s».

DOMMAGES

Il poursuit donc le Procureur général du Québec, qui est «l’employeur de la SQ» et le centre de détention de StJérôme pour 786 000 $ pour ses blessures « causées par les policiers et l’aggravatio­n de son état causée par le manque de soins au centre médical du centre de détention».

Il souhaite notamment récupérer 30 000 $ pour les vitres cassées chez lui lors de son arrestatio­n, 18 000 $ par année pour sa réhabilita­tion, 50 000 $ pour les dommages esthétique­s (perte de dent, cicatrices), 150 000 $ pour ses troubles physiques et moraux (maux de cou, dos et épaules, vomissemen­t, migraines, perte de l’ouïe, étourdisse­ment, anxiété, mauvais rêves).

Il vivrait aussi de l’humiliatio­n, puisqu’il se dit «ostracisé par la SQ», ce qui a amené une couverture «incroyable» de la part des médias. Il exige aussi 50 000 $ aux policiers qui ont participé à son arrestatio­n en octobre 2010.

La SQ a préféré ne pas commenter.

En 2009, Jason Gabriel avait été arrêté par l’unité mixte d’enquête sur le crime organisé autochtone visant à saisir des plantation­s de marijuana. Même menotté et gardé par des policiers, il avait réussi à prendre la fuite dans les bois.

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Jason GaBriel Plaignant

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