Enbridge prête à payer 100 % des coûts en cas de fuite de pétrole
La pétrolière veut importer 300 000 barils/jour en inversant le flux du pipeline 9B
QUÉBEC | La compagnie Enbridge, qui veut acheminer du pétrole de l’Alberta au Québec en inversant le flux de l’oléoduc 9B, s’est engagée, hier, à payer 100 % de la facture des dégâts si un déversement survient en sol québécois.
Convoqués en commission parlementaire, hier, les dirigeants de l’entreprise ont voulu se faire rassurants en répondant aux députés qui craignent «un autre Lac-Mégantic». Contrairement à la MMA, impliquée dans la tragédie ferroviaire de juillet et dont la couverture d’assurance était nettement insuffisante, Enbridge a les reins très solides et entend respecter le mécanisme d’indemnisation prévu dans la loi.
«Il n’y a aucune limite sur la compensa- tion des biens et des personnes qui seraient affectées. À court terme, nous avons une limite de crédit de 300 millions de dollars américains et une assurance de 685 millions » , a fait valoir Éric Prud’Homme, directeur des affaires publiques d’Enbridge, l’une des « dix plus grosses compagnies » du pays, a- t- il rappelé. Même si un tiers était à l’origine d’un incident, la pétrolière réglerait la note et poursuivrait les responsables, a-t-il dit.
MICHIGAN 2010
Interrogé sur leur déversement au Michigan, en 2010, M. Prud’Homme a expliqué les mesures mises en place pour éviter un autre incident. «Notre objectif reste toujours zéro fuite. Et dans les dernières années, nous avons livré 12 milliards de barils de pétrole brut avec un taux de sécurité de 99,999 %.»
Le Québec, faut- il le rappeler, ne peut bloquer ce projet de compétence fédérale. Quant au prix à la pompe, il n’y a aucune garantie que les automobilistes profite- ront d’une réduction. Le PQ, le PLQ et la CAQ ont néanmoins réitéré leur préjugé favorable au projet malgré leurs réserves sur le plan environnemental.
La sécurité demeure la priorité de tous, mais le Québec ne peut «s’imposer le choc économique de renoncer au pétrole » , a martelé le ministre de l’Environnement, Yves- François Blanchet. Le maintien de milliers d’emplois dans l’industrie pétrochimique en dépend, selon lui.
LES DÉS SONT PIPÉS, SELON KHADIR
Québec solidaire est le seul parti qui s’oppose vigoureusement à l’importation du « pétrole sale » des sables bitumineux. Selon Amir Khadir, les dés sont pipés. Outré, il a même invité Daniel Breton, Martine Ouellet et Scott McKay, les écolos du PQ, à «mettre leur siège en jeu», hier, leur reprochant de travestir leurs principes.