Le Journal de Montreal

Des documents facilement accessible­s

La protection et la confidenti­alité de dossiers médicaux sont défaillant­es dans les CLSC de Montréal

- Patrick GeorGes Agence QMI

Dossiers médicaux complets, rapports de police, formulaire­s de renouvelle­ment de médicament­s et renseignem­ents personnels: tous ces documents sont facilement accessible­s au grand public dans les centres locaux de services communauta­ires (CLSC) de la région de Montréal.

En février 2012, le Journal de Montréal révélait que la confidenti­alité des dossiers médicaux des patients était quasi- inexistant­e dans plusieurs hôpitaux du Québec. Le journalist­e Éric-Yvan Lemay avait eu accès à plusieurs documents confidenti­els, notamment dans des corridors.

Selon nos sources, la situation est encore plus préoccupan­te dans les CLSC.

À partir de ce constat, le 24h a visité mardi, en matinée, quatre CLSC de la métropole. Parmi les établissem­ents ciblés, trois d’entre eux présentaie­nt de graves lacunes quant à la protection des renseignem­ents personnels de leurs usagers.

Dans un CLSC du nord de Montréal, la direction a installé un télécopieu­r qui achemine t outes sortes de renseignem­ents personnels dans un corridor très achalandé de l’établissem­ent. Les patients qui doivent prendre rendez-vous auprès d’un médecin ou d’une infirmière sont invités à utiliser le corridor en question.

Lors de notre visite, un formulaire de renouvelle­ment d’ordonnance ainsi que deux fiches indiquant le nom, l’adresse et les numéros de téléphone d’usagers traînaient librement dans ce corridor. Une affiche laissait savoir que des rapports de police pouvaient atterrir à cet emplacemen­t.

L’endroit n’est pas surveillé et aucune affiche n’indique qu’il s’agit d’une zone réservée aux employés.

« UN VRAI MOULIN »

Une employée interrogée sur place a confirmé le manque de protection des renseignem­ents personnels. « C’est un vrai moulin: tout le monde va et vient à sa guise. Tout est facile d’accès, ici. Il n’y a pas de limite pour les patients, zéro, nada», a-t-elle illustré.

Dans un établissem­ent du Plateau Mont-Royal, l’accès à des do- cuments confidenti­els s’est fait sans aucune entrave.

Dans une salle facile d’accès à n’importe qui, nous avons constaté que des piles de dossiers contenant les renseignem­ents d’une dizaine de patients se trouvaient dans des pièces grandes ouvertes et sans surveillan­ce.

Aucun des employés sur place n’a remarqué notre présence.

Mêmes constatati­ons dans un autre CLSC du nord de la métropole, bien qu’un employé nous a questionné au sujet de notre présence à cet endroit.

CONTRAIRE À LA LOI

Selon l ’ avocat spécialisé en droit de la santé, Me Jean-Pierre Ménard, les violations de la confidenti­alité dans le domaine de la santé sont monnaie courante.

« Dans beaucoup d’établissem­ents publics, la protection des informatio­ns laisse à désirer», at-il indiqué.

«Ce n’est pas normal de retrouver un télécopieu­r dans un corridor. Normalemen­t, il se trouve dans un secrétaria­t où seuls les employés ont accès » , selon un membre de l’Associatio­n des archiviste­s du Québec qui a requis l’anonymat.

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Le journalist­e du 24h a facilement pu consulter des dossiers médicaux et des rapports de police pourtant confidenti­els, en se promenant dans les corridors de CHLSC de Montréal

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