Des documents facilement accessibles
La protection et la confidentialité de dossiers médicaux sont défaillantes dans les CLSC de Montréal
Dossiers médicaux complets, rapports de police, formulaires de renouvellement de médicaments et renseignements personnels: tous ces documents sont facilement accessibles au grand public dans les centres locaux de services communautaires (CLSC) de la région de Montréal.
En février 2012, le Journal de Montréal révélait que la confidentialité des dossiers médicaux des patients était quasi- inexistante dans plusieurs hôpitaux du Québec. Le journaliste Éric-Yvan Lemay avait eu accès à plusieurs documents confidentiels, notamment dans des corridors.
Selon nos sources, la situation est encore plus préoccupante dans les CLSC.
À partir de ce constat, le 24h a visité mardi, en matinée, quatre CLSC de la métropole. Parmi les établissements ciblés, trois d’entre eux présentaient de graves lacunes quant à la protection des renseignements personnels de leurs usagers.
Dans un CLSC du nord de Montréal, la direction a installé un télécopieur qui achemine t outes sortes de renseignements personnels dans un corridor très achalandé de l’établissement. Les patients qui doivent prendre rendez-vous auprès d’un médecin ou d’une infirmière sont invités à utiliser le corridor en question.
Lors de notre visite, un formulaire de renouvellement d’ordonnance ainsi que deux fiches indiquant le nom, l’adresse et les numéros de téléphone d’usagers traînaient librement dans ce corridor. Une affiche laissait savoir que des rapports de police pouvaient atterrir à cet emplacement.
L’endroit n’est pas surveillé et aucune affiche n’indique qu’il s’agit d’une zone réservée aux employés.
« UN VRAI MOULIN »
Une employée interrogée sur place a confirmé le manque de protection des renseignements personnels. « C’est un vrai moulin: tout le monde va et vient à sa guise. Tout est facile d’accès, ici. Il n’y a pas de limite pour les patients, zéro, nada», a-t-elle illustré.
Dans un établissement du Plateau Mont-Royal, l’accès à des do- cuments confidentiels s’est fait sans aucune entrave.
Dans une salle facile d’accès à n’importe qui, nous avons constaté que des piles de dossiers contenant les renseignements d’une dizaine de patients se trouvaient dans des pièces grandes ouvertes et sans surveillance.
Aucun des employés sur place n’a remarqué notre présence.
Mêmes constatations dans un autre CLSC du nord de la métropole, bien qu’un employé nous a questionné au sujet de notre présence à cet endroit.
CONTRAIRE À LA LOI
Selon l ’ avocat spécialisé en droit de la santé, Me Jean-Pierre Ménard, les violations de la confidentialité dans le domaine de la santé sont monnaie courante.
« Dans beaucoup d’établissements publics, la protection des informations laisse à désirer», at-il indiqué.
«Ce n’est pas normal de retrouver un télécopieur dans un corridor. Normalement, il se trouve dans un secrétariat où seuls les employés ont accès » , selon un membre de l’Association des archivistes du Québec qui a requis l’anonymat.