Le Canadien éclipse tout
« Une entente avec Rogers Communications fera de TVA Sports le diffuseur francophone officiel de la Ligue nationale de hockey au Canada. » .
Ouf ! La dernière fois qu’il y a eu une grosse nouvelle comme ça dans le monde des médias au Québec, c’est quand… En fait, je ne me rappelle pas de la dernière fois qu’il y a eu une aussi grosse nouvelle dans le monde des médias.
Pourquoi? Parce qu’on parle ici du Canadien. Et qu’il n’y a rien de plus gros au Québec que le Canadien.
Vous trouvez que j’exagère? Vous devriez parler avec mon ami Jean-François Dumas. Avec sa boîte Influence Communication, il observe le poids médias des nouvelles. Et Jean-François a tout un scoop pour vous. En 2013, malgré Lac-Mégantic, malgré la Charte, malgré la commission Charbonneau, le sujet dont on a le plus parlé dans les médias c’est … le hockey du Canadien!
LA SAINTE FLANNELLE
Hier, la nouvelle «Tva sports + CH» était numéro un au Québec. C’est sûr, ça venait d’arriver. Mais, c’est comme ça toute l’année! En janvier 2013, quand le Canadien est revenu au jeu après le lock-out, plus de 50 % du contenu de l’information au Québec portait sur la LNH. «C'est pas une éclipse médiatique, c'est une lobotomie», avait écrit Jean-François à l’époque.
On est tellement collectivement obsédés par le Canadien, que Jean-François a mis au point une échelle du CH, comme l’échelle de Richter pour les tremblements de terre. On évalue un phénomène en fonction du nombre de minutes de médiatisation d’un match du Canadien. Par exemple, vous trouvez qu’on a beaucoup parlé des aînés récemment? Eh bien, en une semaine les médias consacrent aux aînés autant d’attention qu’à 32 secondes d’un match du Canadien. C’est rien.
«Le Canadien, c’est le meilleur javellisant de l’actualité. Rien ne lui résiste», m’a expliqué Jean-François quand je lui ai parlé hier. «D’ailleurs, le Canadien est probablement la plus grosse compagnie de relations publiques au Canada.»
Dans le reste du pays, quand les médias parlent de sport, il s’agit de hockey dans 42 % des cas. Au Québec, il s’agit de hockey dans 77 % des cas. «Il n’y a pas de «s» à la fin du mot sports, au Québec», explique Jean-François. Il n’y a que le hockey. Et rien d’autre.
PACIORETTY À LA PÉTANQUE ?
Mais attention, on parle précisément d’un intérêt pour les Canadiens, pas pour le sport lui-même. «On n’est pas des fans de hockey, on est des fans des Canadiens. Si les joueurs se mettaient à la pétanque, on se passionnerait pour la pétanque», ironise Jean-François.
Dans le reste du pays, quand une équipe locale est éliminée, il y a 33 % de perte d’intérêt de la part des médias. Au Québec, quand le Canadien est éliminé, il y a 66 % moins d’intérêt de la part des médias. Autrement dit, si le Canadien ne joue pas, le hockey n’intéresse personne.
Au Québec, nos médias accordent 25 % plus d’importance au sport que dans le reste du Canada et 50 % de plus que la moyenne mondiale.
Le hockey est une religion. Qui ne laisse plus de place pour d’autres sujets.
À quand une Charte du Canadien ?