Régis Labeaume a visé juste
Le maire de Québec, Régis Labeaume, est désormais l’ami de l’homme le plus fort du sport au Québec. Pierre Karl Péladeau et son groupe étaient déjà incontournables dans le monde des médias, Pierre Karl Péladeau est désormais un géant dans le sport.
L’entente de 12 ans entre la LNH et Québecor Média est lourde de signification. Mine de rien, le maire de Québec vient probablement de remporter l’une de ses plus importantes victoires dans sa marche vers le retour des Nordiques. Québecor Média est désormais un partenaire majeur de la LNH, et son rôle de diffuseur francophone officiel lui donnera des entrées inestimables, quasi incalculables sur le plan stratégique.
Si vous doutez du pont qui vient de se dresser entre QMI et la LNH, souvenezvous simplement de ce que Gary Bettman a dit en conférence de presse lors de l’annonce du partenariat concernant l’absence de Pierre Karl Péladeau. Il a dit: «Robert, transmets nos condoléances à la famille Péladeau.» Gary Bettman a carrément tutoyé Robert Dépatie, président et chef de la direction de QMI; c’est là où en est le niveau de relation entre les deux hommes.
Quand Régis Labeaume a choisi QMI comme gestionnaire de son futur amphithéâtre, il savait ce qu’il faisait. Il avait écouté Pierre Karl Péladeau et avait été convaincu de sa passion pour Québec et pour le hockey. Il calculait qu’en misant sur QMI, il se donnait les meilleures chances de ramener un jour les Nordiques à Québec.
LE COUP DE FORCE DE QUÉBECOR
Le coup de force réalisé par Québecor Média, qui met la main sur la télédiffusion d’un minimum de 22 matchs du Canadien en saison, mais aussi, et surtout, sur l’ensemble des matchs du Canadien en séries et de la finale de la Coupe Stanley pour 12 ans, vient confirmer une fois pour toutes à Régis Labeaume qu’il a choisi le bon cheval. QMI, en s’associant à Rogers, vient d’aller battre RDS à Montréal sur un terrain qui, en hockey, jusqu’à hier matin, était exclusivement le sien.
L’EXPLOSION DES DROITS DE TÉLÉ
Si Québecor Média se retrouve désormais dans une position exceptionnelle comme diffuseur, le groupe ne voudra définitivement pas s’arrêter là. Je m’explique. À l’époque où j’étais directeur des sports de Radio-Canada, le directeur général des programmes, Mario Clément, et moi avions tenté d’obtenir les droits de diffusion des matchs du Canadien les samedis soir.
RDS payait alors plus de 12 millions par année pour les 82 matchs du Cana- dien en saison et pour ceux en séries. Nous avions échoué dans notre tentative, car RDS avait allongé aux alentours de 31 millions de dollars annuellement pour conserver ses droits sur l’ensemble des matchs.
On ne sait toujours pas combien le Canadien va toucher avec ce nouveau contrat, mais il s’agira assurément d’une vraie fortune. Comme propriétaire d’équipe, Pierre Karl Péladeau se verrait lui aussi verser des redevances comme celle-là.
Le président de TVA, Pierre Dion, a précisé qu’aucun détail financier de l’entente ne serait dévoilé. Mais, sans être absolument précis, on mentionne en coulisses depuis deux semaines que les matchs du Canadien pourraient valoir près d’un million à l’unité. Si c’est le cas, le portefeuille des matchs de l’équipe pourrait ainsi aller chercher autour de 80 millions possiblement. Une somme qui, après partage avec la LNH, couvrirait presque entièrement la masse salariale des joueurs de 64 millions.
La LNH vient de céder les droits de 22 matchs nationaux du Canadien à TVA Sports, le Canadien doit maintenant décider s’il accepte lui aussi l’offre pour les 60 parties restantes. Une grande partie des dépenses du Canadien seraient ainsi couvertes par les bénéfices de cette offre. Ne reste plus ensuite qu’à faire de l’argent au guichet avec la vente d’abonnements de saison, des loges d’entreprises, la publicité sur les bandes, la restauration et la vente de produits dérivés, chandails, fanions, rondelles, etc.
Pariez que Pierre Karl Péladeau n’a aucune intention de passer à côté de ça. QMI n’investit pas des millions dans le nouvel amphithéâtre de Québec pour rien. Pas question pour lui de se contenter de diffuser les matchs du Canadien, la passion et son sens des affaires lui commandent depuis longtemps d’aller au
Québecor Média est désormais un partenaire majeur de la LNH et son rôle de principal diffuseur francophone lui donnera des entrées inestimables, quasi incalculables sur le plan stratégique
bout de son rêve et de ramener les Nordiques à Québec. Avec la machine médiatique à sa disposition, il pourra ensuite mieux que quiconque générer le succès et les bénéfices.
En choisissant Pierre Karl Péladeau, vraiment, Régis Labeaume a fait le bon choix.