Tué pour une chicane de poubelles
Alberto Manuel Martinez est accusé d’avoir poignardé à mort un commerçant
Une chicane de poubelle entre un commerçant et un citoyen dans Côte- des- Neiges a bien mal tourné. L’un est décédé d’un coup de couteau au coeur tandis que l’autre subit maintenant son procès pour meurtre.
Alberto Manuel Martinez, 60 ans, connaissait bien cette petite épicerie de la rue Victoria, à Montréal. En fait, il avait même déjà travaillé là-bas, selon le témoignage de son ex-conjointe, hier.
Mais le 20 juillet 2011, une dispute a dégénéré avec le propriétaire du commerce Yogaragah Suntharam.
«Dans un excès de colère, M. Martinez va répandre un bac plein de rebuts devant l’épicerie avant de s’enfuir » , a expliqué Me Jacques Dagenais de la Couronne, hier, au procès pour meurtre non prémédité.
Et la colère de l’accusé ne s’est pas estompée, selon son ex-conjointe, qui lui avait parlé au téléphone peu après, mais avant le meurtre allégué.
«(Martinez) était hors de lui, il m’a dit "je vais aller me venger, je vais aller le briser; personne ne peut me frapper, je suis Cubain"», a juré son ex-conjointe, appelée à la barre des témoins.
Une heure plus tard, Martinez est retourné non loin des lieux, selon la preuve que la poursuite compte présenter. M. Suntharam, voyant l’homme s’approcher de son commerce, serait alors sorti avec un aiguisoir, avant de lui courir après et de lui donner des coups.
Or, Martinez était cette fois armé d’un couteau, a relaté M. Dagenais. L’accusé aurait alors poignardé sa victime de 62 ans en plein coeur.
IL CONNAISSAIT SA VICTIME
Wendy Urbaez, l ’ ex- conjointe de l’accusé, a raconté hier que Martinez connaissait bien sa victime alléguée.
«Il était tout le temps là-bas», a-t-elle dit, ajoutant que Martinez connaissait M. Suntharam depuis plus de huit ans.
L’accusé connaissait aussi les enfants du propriétaire, mais le jour du drame, sa colère était incontrôlable, selon la femme, qui aurait eu deux conversations téléphoniques avec son ex-conjoint avant le meurtre allégué.
Selon elle, l’altercation avait commencé à cause de M. Martinez, qui serait allé vider les poubelles d’une école de conduite adjacente dans les bacs de M. Suntharam.
En contre- interrogatoire par Me Ngoc Thang Nguyen, la témoin a toutefois été confrontée à une certaine confusion par rapport au fil des événements. L’avocat a d’ailleurs remarqué que sa déclaration aux policiers n’avait eu lieu qu’en avril dernier, soit presque deux ans après les événements allégués. «J’avais peur de lui, a-t-elle dit. Je ne mens pas, je vais à l’église deux fois par semaine.»
Tout au long de son témoignage d’hier, la femme n’a d’ailleurs jamais regardé l’accusé, assis derrière une large baie vitrée. Sa tête était plutôt tournée du côté opposé de la salle.
«Je ne veux pas le regarder», a-t-elle dit au juge quand il lui a demandé de témoigner vers le jury et non vers le mur.
Le procès, qui se déroule devant un jury composé de cinq femmes et sept hommes, est présidé par le juge Guy Cournoyer de la Cour supérieure du Québec.