Le prince Charles
Les Québécois l’ignoraient, mais un seigneur s’empiffrait à leurs dépens au buffet des fonds publics.
Il était passé inaperçu par la petite porte de Tourisme Montréal, un des corps flottants du périmètre comptable québécois auquel les autorités naturellement incompétentes ne portaient aucune attention.
Je sais, c’est décourageant, les abuseurs sont partout et notre époque semble être la leur. Chaque jour amène son lot de faux jetons sous les feux de la rampe, ce qui constitue le seul véritable châtiment au pays du no-fault.
Voici donc un nouveau cas d’abus du bien public, signé celui-là par Charles Lapointe, un libéral pur jus, issu de l’ère Trudeau, et qui ne fit pas la gloire de Charlevoix…
C’est aujourd’hui un retraité de Tourisme Montréal, un organisme public, mais discret, subventionné à 75 %, et resplendissant d’ insignifiance dans l’organigramme du ministère des Finances. Tourisme Montréal relève de Tourisme «Rubberstamping» Québec, moins un ministère qu’un dépôt de subventions normées et qui sert de transit aux réfugiés politiques.
Lapointe est connu pour avoir soutenu le tourisme gai à Montréal. Il se vantait publiquement d’avoir incité la métropole à miser sur ses «bars, ses danseurs et ses saunas». Ainsi, sous l’arc-en-ciel du succès, le prince Charles pouvait disposer à sa guise du fric que son petit royaume tirait du Fonds consolidé.
RETRAITE GRATINÉE
Avec la bénédiction du président du c.a., Jacques Parisien, de l’écurie Bell Canada, il a gratiné sa retraite avec 654 000 $ après avoir joui d’un salaire de 398 300 $. Les Québécois ont aussi payé ses frais d’automobile, ses repas et ses nuits dans des hôtels chics en Floride, au Mexique et en Thaïlande, un haut lieu du tourisme de niche. Selon le Vérificateur général, il a aussi abusé des dons de charité!
Le prince Charles n’est malheureusement pas le premier ni le dernier vaniteux à se croire sorti de la cuisse de Jupiter. Au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, le fameux CHUM où sont engloutis des millions en taxes et en impôts chaque année, les salaires y sont aussi exagérément élevés. «C’est désolant», m’a dit hier le Vérificateur général, Michel Samson, de passage à nos bureaux. J’ajouterais que ce n’est pas que désolant, c’est profondément triste!