Congestion routière: penser autrement
Quelle semaine pour les résidents de la Rive- Sud de Montréal du point de vue de la congestion! Des milliers de gens se lèvent de plus en plus tôt pour espérer arriver au boulot à temps. Les inconvénients familiaux, les pertes économiques, la fatigue qui découlent de se lever aux petites heures du matin, on n’en finit plus de mesurer les coûts directs et indirects des difficultés de circulation.
Les fermetures de voies impromptues du pont Champlain et la première neige d’hier ont fait des derniers jours un moment fort en matière de trafic, mais le phénomène fait quand même partie du quotidien d’une majorité de
UN PEU COMME À LA VIEILLE ÉPOQUE, IL FAUT « PUNCHER »
résidents de la région de Montréal. Depuis quelques années, la région de Québec vit le même problème avec de plus en plus d’intensité.
PENSER VRAIMENT AUTREMENT
Dès qu’on propose de penser autrement pour régler la congestion, la ritournelle à la mode consiste à pousser le transport en commun. L’automobiliste est un méchant, le transport en commun est LA solution, il ne resterait qu’à imposer le transport en commun en assommant l’automobiliste de surtaxes et de factures de tous acabits. En réalité, ce que paient les automobilistes au Québec est déjà énorme et ceux qui décident de prendre leur véhicule malgré tout le font principalement par nécessité.
Bien au-delà du questionnement entre l’auto et le transport collectif, une semaine comme celle-ci devrait nous inciter à penser vraiment autrement, c’est-à-dire se demander s’il est vraiment nécessaire de transporter tout ce monde tous les jours. La technologie nous permet aujourd’hui de faire une multitude de tâches à distance. Tous ceux qui travaillent devant un écran d’ordinateur et dont la prestation de travail quotidienne peut être déposée sur un serveur ont-ils vraiment l’obligation de se déplacer pour du 8 à 5 chaque jour?
GESTION ARCHAÏQUE
Bien sûr, il y a des réunions, du travail d’équipe, des rencontres avec les patrons, qui obligent l’employé à se présenter physiquement au bureau. Mais je suis convaincu que des milliers de personnes se déplacent chaque matin pour la seule et unique raison que la présence d’un corps à un poste de travail rassure les patrons. Un peu comme à la vieille époque, il faut «puncher». Il arrive un moment où les difficultés liées au déplacement imposent de s’interroger sur la pertinence d’un déplacement inutile qui n’a d’autre but que de «puncher».
Dans le cadre d’un voyage politique, j’avais eu l’occasion de visiter les bureaux de Apple en Californie à la fin des années 1990. J’y ai découvert une pensée à des années-lumière en avance sur la mentalité de la majorité des employeurs. Le télétravail y était archi-développé. Les employés pouvaient se brancher sur le bureau de jour comme de nuit. Ces créatifs pouvaient faire 20 heures consécutives lorsqu’ils sont inspirés.
Le défi: les patrons doivent gérer un résultat, une réelle prestation de travail livré, plutôt que d’être rassurés par une présence physique dans un bureau. Un beau dossier pour nos représentants du patronat.