Le Journal de Montreal

Congestion routière: penser autrement

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com Que pensez-vous du télétravai­l? Venez en débattre jdem.com/opinions

Quelle semaine pour les résidents de la Rive- Sud de Montréal du point de vue de la congestion! Des milliers de gens se lèvent de plus en plus tôt pour espérer arriver au boulot à temps. Les inconvénie­nts familiaux, les pertes économique­s, la fatigue qui découlent de se lever aux petites heures du matin, on n’en finit plus de mesurer les coûts directs et indirects des difficulté­s de circulatio­n.

Les fermetures de voies impromptue­s du pont Champlain et la première neige d’hier ont fait des derniers jours un moment fort en matière de trafic, mais le phénomène fait quand même partie du quotidien d’une majorité de

UN PEU COMME À LA VIEILLE ÉPOQUE, IL FAUT « PUNCHER »

résidents de la région de Montréal. Depuis quelques années, la région de Québec vit le même problème avec de plus en plus d’intensité.

PENSER VRAIMENT AUTREMENT

Dès qu’on propose de penser autrement pour régler la congestion, la ritournell­e à la mode consiste à pousser le transport en commun. L’automobili­ste est un méchant, le transport en commun est LA solution, il ne resterait qu’à imposer le transport en commun en assommant l’automobili­ste de surtaxes et de factures de tous acabits. En réalité, ce que paient les automobili­stes au Québec est déjà énorme et ceux qui décident de prendre leur véhicule malgré tout le font principale­ment par nécessité.

Bien au-delà du questionne­ment entre l’auto et le transport collectif, une semaine comme celle-ci devrait nous inciter à penser vraiment autrement, c’est-à-dire se demander s’il est vraiment nécessaire de transporte­r tout ce monde tous les jours. La technologi­e nous permet aujourd’hui de faire une multitude de tâches à distance. Tous ceux qui travaillen­t devant un écran d’ordinateur et dont la prestation de travail quotidienn­e peut être déposée sur un serveur ont-ils vraiment l’obligation de se déplacer pour du 8 à 5 chaque jour?

GESTION ARCHAÏQUE

Bien sûr, il y a des réunions, du travail d’équipe, des rencontres avec les patrons, qui obligent l’employé à se présenter physiqueme­nt au bureau. Mais je suis convaincu que des milliers de personnes se déplacent chaque matin pour la seule et unique raison que la présence d’un corps à un poste de travail rassure les patrons. Un peu comme à la vieille époque, il faut «puncher». Il arrive un moment où les difficulté­s liées au déplacemen­t imposent de s’interroger sur la pertinence d’un déplacemen­t inutile qui n’a d’autre but que de «puncher».

Dans le cadre d’un voyage politique, j’avais eu l’occasion de visiter les bureaux de Apple en Californie à la fin des années 1990. J’y ai découvert une pensée à des années-lumière en avance sur la mentalité de la majorité des employeurs. Le télétravai­l y était archi-développé. Les employés pouvaient se brancher sur le bureau de jour comme de nuit. Ces créatifs pouvaient faire 20 heures consécutiv­es lorsqu’ils sont inspirés.

Le défi: les patrons doivent gérer un résultat, une réelle prestation de travail livré, plutôt que d’être rassurés par une présence physique dans un bureau. Un beau dossier pour nos représenta­nts du patronat.

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