Un cas non exemplaire
Dans la nuit, la semaine dernière, une communauté entière de la secte juive Lev Tahor a quitté Sainte-Agathe- des- Monts pour se réfugier en Ontario. Fait troublant, 200 membres de la communauté font l’objet d’une enquête des services sociaux.
Non seulement n’ont-ils pas suivi les lois concernant l’instruction publique, les enfants ne parlent ni anglais, ni français, mais ils sont également soupçonnés de négligence et de maltraitance. Ils devaient comparaître en cour hier pour répondre à ces accusations, mais seuls deux membres ont été présents à la séance, le reste des familles ont boycotté.
Comment se fait-il qu’il soit aussi simple de fuir la justice? Comment se fait-il qu’ils ne soient pas forcés de venir répondre des accusations? Nous avons vu trop souvent ce type d’infraction se répéter avec la même finalité, comment se fait-il que les procédures n’aient pas été adaptées?
LA NORMALITÉ
Mardi, les autorités ontariennes qui ont visité la communauté relevaient que tout semblait «normal pour l’instant». Normal. Est-ce vraiment surprenant? Il est clair que, lorsque nous sommes accusés, nous nous fassions le plus discrets possible, non?
C’est comme si, tout d’un coup, les autorités devaient reprendre l’ensemble de l’enquête. Comme si tout repartait à zéro. Une nouvelle chance, de nouvelles possibilités.
Certes tout le monde est considéré in-
les Gens sont dévoués et Professionnels, mais le système est une lourde machine
nocent jusqu’à preuve du contraire. Un départ en pleine nuit, des familles qui refusent de se présenter en cour, cela ressemble plus à une fuite devant des faits accablants.
Bien entendu, l’éducation à la maison est permise au Québec. Cependant, elle doit respecter l’ensemble du programme autorisé par le ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport (MELS). Personne ne peut se soustraire à cette Loi sur l’instruction publique et pourtant, ces familles l’ont fait durant des années.
AUX CROCHETS DE L’ÉTAT
Ces familles ont aussi bénéficié de notre système social. Elles étaient toutes bénéficiaires de l’aide sociale puisque leur pratique religieuse leur interdisait de travailler. Imaginer faire vivre autant d’enfants sur le peu d’argent par mois que vous recevez, mission presque impossible.
Nous avons tardé à réagir devant cette situation, nous avons laissé encore une fois des enfants subir ces conditions parce que notre système fonctionne en silo. Les instances ne se parlent pas assez. Les dossiers traînent d’un bureau à l’autre. Comprenez bien que les gens sont dévoués et professionnels, mais le système est une lourde machine.
La non-exemplarité du cas de la secte Lev Tahor ne réside pas dans le fait qu’ils ont possiblement négligé leurs enfants, mais plutôt dans le fait que trop souvent des cas de négligence se perdent dans les procédures. Trop souvent, un déménagement de ville, d’école, de milieu ne permet plus aux autorités compétentes de faire le suivi. Tout est à recommencer chaque fois. Nous devons nous poser la question: protégeons-nous suffisamment nos enfants? Et si nous arrivions à nous parler davantage au lieu de remplir des fiches et de les classer, peut-être arriverions-nous à donner suite à ces poursuites trop faciles à contourner.