Le Journal de Montreal

Un cas non exemplaire

- martine desjardins martine.desjardins@quebecorme­dia.com Que devrait faire la DPJ dans le cas de la secte Lev Tahor? Venez en débattre jdem.com/opinions

Dans la nuit, la semaine dernière, une communauté entière de la secte juive Lev Tahor a quitté Sainte-Agathe- des- Monts pour se réfugier en Ontario. Fait troublant, 200 membres de la communauté font l’objet d’une enquête des services sociaux.

Non seulement n’ont-ils pas suivi les lois concernant l’instructio­n publique, les enfants ne parlent ni anglais, ni français, mais ils sont également soupçonnés de négligence et de maltraitan­ce. Ils devaient comparaîtr­e en cour hier pour répondre à ces accusation­s, mais seuls deux membres ont été présents à la séance, le reste des familles ont boycotté.

Comment se fait-il qu’il soit aussi simple de fuir la justice? Comment se fait-il qu’ils ne soient pas forcés de venir répondre des accusation­s? Nous avons vu trop souvent ce type d’infraction se répéter avec la même finalité, comment se fait-il que les procédures n’aient pas été adaptées?

LA NORMALITÉ

Mardi, les autorités ontarienne­s qui ont visité la communauté relevaient que tout semblait «normal pour l’instant». Normal. Est-ce vraiment surprenant? Il est clair que, lorsque nous sommes accusés, nous nous fassions le plus discrets possible, non?

C’est comme si, tout d’un coup, les autorités devaient reprendre l’ensemble de l’enquête. Comme si tout repartait à zéro. Une nouvelle chance, de nouvelles possibilit­és.

Certes tout le monde est considéré in-

les Gens sont dévoués et Profession­nels, mais le système est une lourde machine

nocent jusqu’à preuve du contraire. Un départ en pleine nuit, des familles qui refusent de se présenter en cour, cela ressemble plus à une fuite devant des faits accablants.

Bien entendu, l’éducation à la maison est permise au Québec. Cependant, elle doit respecter l’ensemble du programme autorisé par le ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport (MELS). Personne ne peut se soustraire à cette Loi sur l’instructio­n publique et pourtant, ces familles l’ont fait durant des années.

AUX CROCHETS DE L’ÉTAT

Ces familles ont aussi bénéficié de notre système social. Elles étaient toutes bénéficiai­res de l’aide sociale puisque leur pratique religieuse leur interdisai­t de travailler. Imaginer faire vivre autant d’enfants sur le peu d’argent par mois que vous recevez, mission presque impossible.

Nous avons tardé à réagir devant cette situation, nous avons laissé encore une fois des enfants subir ces conditions parce que notre système fonctionne en silo. Les instances ne se parlent pas assez. Les dossiers traînent d’un bureau à l’autre. Comprenez bien que les gens sont dévoués et profession­nels, mais le système est une lourde machine.

La non-exemplarit­é du cas de la secte Lev Tahor ne réside pas dans le fait qu’ils ont possibleme­nt négligé leurs enfants, mais plutôt dans le fait que trop souvent des cas de négligence se perdent dans les procédures. Trop souvent, un déménageme­nt de ville, d’école, de milieu ne permet plus aux autorités compétente­s de faire le suivi. Tout est à recommence­r chaque fois. Nous devons nous poser la question: protégeons-nous suffisamme­nt nos enfants? Et si nous arrivions à nous parler davantage au lieu de remplir des fiches et de les classer, peut-être arriverion­s-nous à donner suite à ces poursuites trop faciles à contourner.

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