Le Journal de Montreal

La fleur de la guerre

- LoïC Tassé loic.tasse@quebecorme­dia.com

DAns le film clAssique de NormAn MAc LAren, Les

voisins, deux voisins vivent en pArfAite hArmonie jusqu’À ce qu’une petite fleur jAune décide de pousser exActement À lA frontière de leurs terrAins. Les deux veulent lA fleur pour eux seuls. LA guerre se déclenche.

C’est un peu ce qui semble être en train arriver entre la Chine et le Japon.

La fleur en question est un champ de gazier sous-marin, le champ de Chunxiao, situé à égale distance entre chaque pays. Chacun peut revendique­r à peu près la moitié du champ. Mais chaque pays le revendique en entier. Comme dans le film de Mc Laren, les mesures militaires commencent à remplacer les discussion­s.

C’EST MON TERRITOIRE

La dernière action militaire vient du gouverneme­nt chinois. Il a décidé de créer autour du champ gazier une vaste zone de défense aérienne. En théorie, les avions qui survolent la zone doivent désormais demander aux autorités chinoises la permission d’y entrer. Le gouverneme­nt japonais a protesté. Il a demandé aux compagnies aériennes d’ignorer la requête du gouverneme­nt chinois. Sauf que le gouverneme­nt japonais avait de son côté fait la même chose et déclaré que cette zone était un territoire aérien japonais.

Les États-Unis viennent d’envoyer dans la zone deux bombardier­s B-52 pour bien montrer leur appui au Japon et leur désaccord avec la Chine.

FACTEURS AGGRAVANTS

Les deux pays ont besoin de ressources énergétiqu­es. Les deux pays bâtissent des armées de plus en plus puissantes. Le plus grave est peut-être l’écart de mentalité entre les deux pays.

Les dirigeants chinois ont cultivé un sentiment de haine à l’égard du Japon. C’était une façon facile de renforcer le nationalis­me chinois. Le Japon de la Seconde Guerre mondiale a commis en Chine (et ailleurs) des atrocités qui n’ont été égalées que par celles de l’Allemagne nazie. Cette histoire déshonoran­te n’est pas enseignée aux Japonais. Le public japonais ne comprend donc pas la haine des Chinois à leur égard.

UN AVENIR INQUIÉTANT

Il est probable que les États-Unis vont continuer à apaiser les tensions dans la région par leur seule présence. Personne ne voudrait avoir à combattre contre eux. Mais viendra un jour, pas si lointain, où l’armée américaine ne fera plus le poids.

Il est remarquabl­e que le gouverneme­nt chinois se soit senti assez fort pour tenter d’imposer une zone de vol au-dessus des eaux qu’il revendique. Les autres pays de la région en ont pris bonne note. Comme cette zone menace leurs intérêts, ils vont continuer à se rapprocher des États-Unis pour tenter d’arrêter la Chine.

Il faut que le gouverneme­nt chinois ait une grande confiance dans la puissance future de son armée pour agir de manière aussi cavalière dans la région.

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