Le Journal de Montreal

Passionnés de noix

Alain Perreault n’a que 47 ans, mais rêve déjà du jour où il prendra sa retraite pour s‘occuper avec son frère Yvan, de leur plantation d’arbres à noix nordiques, à Saint-Ambroise- de- Kildare dans la région de Lanaudière.

- http://aujardinde­snoix.com http://www.noixduqueb­ec.org/

« Je me vois déjà me promener tranquille­ment à l’ombre de notre verger pour regarder nos arbres pousser», confie Alain, un Montréal ais épris de grands espaces qui gagne sa vie à titre de consultant en innovation et en valorisati­on des nouvelles technologi­es.

En 2007, lui et son frère, formateur et fin connaisseu­r des produits comestible­s forestiers, ont créé leur Jardin des noix. Ils ont planté 3000 arbres d’une douzaine d’essences différente­s sur la terre de 35 acres rachetée à leurs parents.

Les deux frères cherchaien­t un moyen de valoriser leur héritage familial. «Nous voulions un projet qui serait à la fois innovant et stimulant sans être trop exigeant au niveau de la main d’oeuvre», explique Alain. La culture des noix indigènes répondait à tous ces critères.

UN CRÉNEAU À DÉVELOPPER

Au Québec, il existe quelques pro- priétaires de petites noiseraies privées, mais leur production n’est pas commercial­isée. À Joliette, le propriétai­re de la pépinière Lafeuillée, Bernard Contré, cultive noyers, noisetiers, châtaignie­rs, caryers et autres arbres et arbustes à noix d'origines diverses. Il teste leur résistance à notre climat, aux maladies et s’amuse à faire des greffes pour améliorer leur potentiel. Jusqu’ici, les frères Perreault sont les seuls à tenter l’expérience de la commercial­isation des noix à grande échelle.

« Il y a 20 ou 30 ans à peine, nos grands- parents ramassaien­t l es noix du noyer cendré à l’automne, les mettaient à sécher pendant trois mois et s’en régalaient durant la période des Fêtes » , rappelle Alain. Cette coutume était très répandue au Lac- Saint- Jean et dans le Basdu- Fleuve.

L’habitude s’est perdue avec l’arrivée sur nos marchés de fruits à coque en provenance des quatre coins du monde. Nous les achetons au gros prix en nous imaginant que notre climat nordique ne se prête pas à leur culture. Alain et Yvan veulent transforme­r cette perception et encourager d’autres agriculteu­rs à exploiter ce créneau agricole très prometteur.

Après six années de patients labeurs, les deux partenaire­s ont récolté cette année pas moins de 300 kilos de noix et de noisettes. Des fruits de noyers noirs ( semblables aux noix de Grenoble) et de noisetiers surtout, deux espèces qui poussent très bien dans notre climat nordique.

C’est encore trop peu de volume pour songer à vendre à grande échelle, mais ils espèrent bientôt arriver à produire 70 000 kilos. Pour le moment, ils se contentent d’approvisio­nner quelques restaurate­urs de la grande région de Montréal et acceptent quelques commandes privées.

«Nous sommes encore à l’étape de l’expériment­ation, explique Alain. Ça prend environ dix ans avant de pouvoir produire un volume appréciabl­e.» Cette année encore, les noix ont été ramassées à la main, directemen­t dans l’arbre pour battre de vitesse les écureuils, un de leurs principaux ennemis avec les parasites et les greffes qui ne prennent pas.

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« Je me vois déjà me promener tranquille­ment à l’ombre de notre verger pour regarder nos arbres pousser »
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