Le Journal de Montreal

Comment guérir mes blessures d’enfance?

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Aînée d’une famille de trois enfants avec deux frères plus jeunes, on s’est retrouvés seuls avec notre père quand ma mère a abandonné le bateau familial. N’en pouvant plus de supporter cet homme rigide et violent, elle a préféré nous laisser avec lui sous prétexte de n’avoir ni les moyens financiers ni la force psychologi­que pour prendre soin de nous. À 12 ans, je suis devenue la mère et la reine du foyer tant mon père fut déstabilis­é. Me débrouilla­nt assez bien à la maison, j’ai même réussi mes études en science infirmière, tout en vivant dans l’angoisse et la peur jusqu’à ce que mes frères puissent se débrouille­r par euxmêmes. Mon père, qui en voulait à sa femme, rejetait sa hargne sur nous, tandis que notre mère traumatisé­e par une vie qui ne lui avait jamais fait de cadeau, essayait de rebâtir sa vie loin de nous.

J’ai quitté la maison paternelle à 26 ans pour épouser un homme immature et à la limite de l’acceptable sur le plan du caractère. Pendant huit ans, j’ai refait avec lui le même parcours qu’avec mon père, en étant la servante d’un ménage que je tenais à bout de bras. J’ai fini par partir quand j’ai fait la connaissan­ce de mon conjoint actuel. Un homme à l’opposé de mon père et de mon premier mari.

Mais je suis demeurée une femme angoissée toujours prête à voir des drames partout. Mon homme regarde toujours le côté lumière de la vie, alors que moi je ne vois que le côté ombre. Comme en plus il n’a jamais besoin de mes services pour faire quoi que ce soit, je me sens inutile. Il souhaitera­it que je profite de la vie alors que je me morfonds à chercher la bête noire. Pourquoi ne suis- je pas capable de bien vivre un présent qui devrait me plaire et que je n’apprécie pas à sa juste valeur?

Rose trémière

On ne peut pas avoir été une mère Térésa et une servante toute sa vie pour devenir du jour au lendemain quelqu’un d’autre au simple contact d’une personne prête à nous offrir la paix du coeur. L’amour ne guérit pas les blessures d’enfance. Malgré l’offre avantageus­e de votre conjoint actuel, votre nature profonde, exacerbée par des circonstan­ces de vie difficiles, vous rend incapable d’atteindre la sérénité autrement que dans le dévouement. Vous avez besoin d’une thérapie pour réparer ce passé avant de pouvoir vous laisser aller à bien vivre votre présent. Et cela, votre conjoint actuel ne peut le faire, car ça relève de vous et de la volonté que vous mettrez pour y parvenir.

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