Une négligence qui coûte cher
Les bris des infrastructures souterraines ont engendré des coûts indirects de 75 millions $ l’an dernier
Chaque jour, les citoyens québécois sont témoins d’au moins cinq bris de leurs infrastructures souterraines. Plus d’une fois sur trois, les entrepreneurs responsables ne savaient pas où ils creusaient.
Cette négligence a occasionné des coûts indirects d’au moins 74,5 millions $ en 2012 selon le dernier rapport du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) touchant l’évaluation des coûts socioéconomiques, reliés aux bris des infrastructures au Québec.
En 2012, 89% des bris sur le réseau québécois étaient dus à des excavatrices qui « s’accrochent » dans les conduites souterraines. Dans 37% des cas, aucune demande de localisation n’avait été faite à Info- excavation. Selon CIRANO, le taux de bris lorsque Info- excavation est contacté est de 0,5%.
PLUSIEURS BRIS ÉVITABLES
« Ces résultats nous portent ainsi à croire que près du tiers des bris pourrait être évité si les entreprises ou les municipalités faisaient une demande de localisation auprès d’Info- excavation avant de creuser ou d’excaver le sol», a expliqué Nathalie de Marsellis- Warin, vice- présidente du CIRANO et professeure à l’École Polytechnique de Montréal.
«Quiconque creuse a cette responsabilité de vérifier ce qu’il y a dans le sol», a ajouté Nathalie Moreau, directrice générale d’Info- excavation, l’Alliance pour la protection des infrastructures souterraines. «On peut parler de négligence».
DES COÛTS INDIRECTS IMPORTANTS
Au- delà des coûts de réparation de ces conduites, plusieurs inconvénients sont engendrés par les bris de conduites souterraines. Par exemple, lors du bris d’une conduite de gaz en 2012, 41 pompiers et 11 véhicules d’intervention avaient dû être dépêchés sur les lieux, une facture estimée à 12 000 $.
Les coûts «additionnels aux coûts de réparation des conduites […] sont, pour la plupart, assumés par la société», a estimé Ingrid Peigner, directrice de projets, groupe RISQUE au CIRANO.
Les coûts indirects de près de 75 millions $ qui ont été étudiés sont très variés : interruption de services, déploiement de services d’urgence, évacuations, risques à la santé des travailleurs, perturbation de la circulation routière, retards dans les travaux, impacts environnementaux et économiques.
«Ce montant pourrait même être plus élevé, selon Ingrid Peigner, car notre évaluation repose sur des données provenant d’un recensement des bris effectué sur une base volontaire, ce qui donne un portrait partiel de la réalité.»