Le Journal de Montreal

À qui donner du pourboire ?

Les consommate­urs sont trop généreux au goût des experts

- Stéphan Dussault lSDussault­JDM stephan.dussault@quebecorme­dia.com

Les clients ne veulent pas avoir l’air cheap. Mais ils ne veulent pas non plus se faire avoir. Alors, à qui donner du pourboire ? Et combien ?

Bientôt, les abonnés de journaux vont recevoir la petite lettre de leur camelot qui nous souhaite un bon temps des Fêtes, et qui tant qu’à faire nous glisse une enveloppe à son intention.

Il y a aussi le salon de coiffure, pour se rafraîchir le cheveu, les restaurant­s, qui seront pris d’assaut pour les partys de bureau, l’organisme Opération nez rouge qui vous reconduira en toute sécurité après ledit party, la f emme de chambre du tout inclus du Mexique.

«Trop de personnes sont mal à l’aise avec le pourboire, mais en donnent quand même. Dans certains cas, il ne faut pas craindre d’avoir l’air cheap », dit Denyse Bisson, dirigeante de l’entreprise Le remarquabl­e, qui donne des cours d’étiquette.

«Il ne faut pas que le pourboire devienne un automatism­e. Il exprime notre reconnaiss­ance; ce n’est pas une obligation», ajoute sa consoeur Louise Masson, propriétai­re de Beaux Gestes.

UN EXTRA

Dans plusieurs cas, on suggère de ne donner un pourboire que si on obtient un extra.

«C’est le travail de la femme de chambre de faire le lit et de nettoyer la salle de bains. Mais si elle amène mon linge au nettoyeur, qu’elle le range dans les tiroirs de la chambre ou qu’elle remplit le seau à vin de glace comme je le lui demande, là ça mérite un pourboire», dit Denyse Bisson.

Même chose pour le taxi. Les deux expertes refusent de donner un pourboire si le chauffeur ne se lève pas de son siège pour ouvrir la porte ou pour mettre les bagages dans le coffre.

TROP GÉNÉREUX

Dans d’autres cas, le client est trop généreux. Dans les bars, le pourboire devrait être de 15%. Mais qui donne 75 ¢ pour une pinte de bière à 5 $?

«Il est là le problème, répond Denyse Bisson. Vous créez un monstre en donnant trop. Si tout le monde donnait le bon pourboire, personne n’aurait l’air cheap. »

PRESQUE OBLIGATOIR­E

S’il n’y a pas de loi imposant le pourboire, au restaurant, il devrait toujours être de 15% sel on l es expertes, sauf quand on reçoit un très mauvais service. «Un serveur qui me fait patienter 30 minutes ou que son pouce traîne dans la sauce du plat qu’il m’amène, ça non! » dit Louise Masson.

«Cela dit, il ne faut pas pénaliser le serveur parce que la nourriture est mauvaise. Ce n’est pas sa faute. Pour ça, il y a les réseaux sociaux pour se défouler», ajoute Denyse Bisson.

Le pourboire est aussi obligatoir­e dans les croisières, où le salaire des employés est presque exclusivem­ent composé des pourboires de leurs clients. Là, il faut donner

« Dans les bars, l’homme donne généraleme­nt plus que la femme. C’est une mauvaise chose. Ça incite les serveuses à s’habiller encore plus sexy pour en obtenir davantage. » - Denyse Bisson

l’équivalent de 10% de la valeur du forfait à la fin du voyage.

Mais on dénombre aussi quantité de zones grises. Par exemple, il faut donner du pourboire au livreur du restaurant, mais pas au livreur de l ’ épicerie. Pourquoi? Parce que le premier est payé au sal aire minimum de 10,15 $ de l’heure alors que le second est au salaire avec pourboire de 8,75 $/h.

Cela dit, le livreur de l’épicerie n’est pas obligé d’aller déposer les sacs sur le comptoir de la cuisine. S’il dépasse la porte d’entrée, songez à le remercier en argent sonnant.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada