Le Journal de Montreal

La table est mise

- réjean rejean.tremblay@ quebecorme­dia.com tremblay

Ce Tony Bellew a fini par être convaincan­t. Plus grand qu’Adonis Stevenson, il n’a jamais cessé de l’intimider et de l’insulter. Avec son accent british, il a enligné tirades après tirades.

Au début, Stevenson se contentait de sourire. Puis, il a visiblemen­t été agacé et s’est mis à insulter Bellew en lui répétant dix fois, vingt fois, qu’il allait voir ce que c’était d’affronter un champion du monde dans un ring: « Je vais te mettre knock out, compte sur moi», lui disait et redisait Stevenson.

Au début, les participan­ts à cette longue et ennuyeuse conférence de presse présentée au Château Bonne-Entente sous la neige, regardaien­t le tout avec un oeil amusé, mais à un moment donné, on s’est dit que c’était assez le mâche-patates et que c’est samedi que ça devait se passer.

Quand les tentatives d’intimidati­on ont été terminées, Adonis Stevenson est venu s’asseoir avec Albert Ladouceur et moi. On a jasé longtemps.

Tous les deux, on savait bien que Stevenson avait vu pas mal plus épeurant dans sa vie. En et hors de la prison. Stevenson a haussé les épaules: « Des gars comme Tony Bellew, j’en ai vu cent dans ma vie. Il a peur. C’est une façon de ca- moufler sa peur. Je l’ai senti, il a peur. Maintenant, ça veut dire que je dois me méfier. Parfois, l a peur pousse un homme à faire des choses dangereuse­s. Samedi, il va être prêt à tout. Il faut être préparé à faire face à cette situation. Mais je le répète, il a peur », nous a expliqué Stevenson.

I l me semblait bien calme. Bien confiant.

UN QUATRIÈME COMBAT EN 2013

Il faut dire que c’est un quatrième combat pour Stevenson en 2013. Dont trois combats de championna­t. Ce n’est guère fréquent dans la boxe moderne qu’un boxeur livre quatre combats de haut niveau dans la même année. La corollaire, c’est que Stevenson n’a jamais eu le temps de perdre son acuité. Il est resté en grande forme et n’a pas eu à se défoncer à l’entraîneme­nt pour retrouver l’affutage d’un champion.

En plus, comme Stevenson est un 168 livres à l’origine, il n’a guère de problème à faire le poids. Hier matin, racontait Yvon Michel, il a déjeuné avec des oeufs, des crêpes, des toasts et des confitures: « C’est le contraire, faut que je mange beaucoup et tout le temps pour rester à 175 livres. Sinon, je perds trop de poids», a confirmé Stevenson.

Le champion ne semble pas trop per- turbé par les à-côtés de ce combat. Il y a eu les pitreries et les caprices de Bellew qui a refusé de voyager avec les billets réservés par GYM, qui a exigé de changer de chambre d’hôtel et qui refuse toute nourriture qui n’a pas été préparée par son équipe. Soit dit en passant, Bellew rate quelques spécialité­s maison qui l’auraient incité à sourire un peu.

Il a été davantage perturbé par un article paru dans La Presse en fin de semaine. On a tenté de tout sortir de son passé dans les gangs de rue à la fin de son adolescenc­e. En fait, ça aurait pu tenir de la job de bras. On n’a jamais autant fouillé dans le passé de Mom Boucher et de Vito Rizutto, soit dit en passant.

Mais Stevenson se dit qu’il a payé sa dette, qu’il tente de redonner le plus possible à la société depuis qu’il a trouvé sa voie et que ce qui est publié ne tue pas.

En fait, sa femme et ses trois enfants peuvent témoigner de sa réhabilita­tion et de sa formidable progressio­n dans la vie: «Quand je suis rentré de mon camp d’entraîneme­nt, je n’ai pas pu voir mes enfants en personne. Ils avaient tous la grippe attrapée à la garderie. Ma femme me les a montrés à travers une vitre. Ce sera pour dimanche » , a- t- il dit en souriant.

Dimanche, ça vient vite…

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Le tension est à son maximum à quelques jours du duel entre Adonis Stevenson et Tony Bellew.
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