Une hormone de l’amour qui rend hypersensible
Vous avez du mal à vous faire des amis? Des chercheurs de l’Université Concordia ont peutêtre une solution pour vous. Mais, attention! elle pourrait vous rendre hypersensible.
Le cerveau humain sécrète et synthétise naturellement un polypeptide appelé ocytocine qui n’en finit plus de fasciner les scientifiques. Ils en sont babas, au point de la surnommer «hormone de l’amour» ou encore «hormone du câlin».
Ce polypeptide multitâches tient son surnom de son rôle dans l’attachement maternel et l’orgasme, notamment. Il aiderait aussi à réduire le stress, stimulerait l’empathie, l’entraide et la confiance envers autrui.
Utilisée en vaporisateur nasal, l’hormone de l’amour pourrait aider les autistes – qui ont du mal à interpréter les émotions – à interagir plus harmonieusement avec les autres.
EFFETS SECONDAIRES
Mais l’équipe de Christopher Cardoso, de l’Université Concordia, vient de découvrir le côté sombre de cette hormone rose. Après avoir étudié son effet sur 42 femmes, les chercheurs concluent qu’utilisée par des personnes en bonne santé mentale elle les rend trop sensibles, donc vulnérables.
Christopher Cardoso prend l’exemple d’un premier rendez-vous. Stressé, vous inhalez de l’ocytocine en pensant que la fameuse hormone vous aidera à créer un lien. Eh bien, rien n’est moins sûr. Vous risquez plutôt de surinterpréter les expressions faciales de l’autre au point d’être incapable de le comprendre.
« Donner de l’ocytocine, c’est comme mettre des lunettes à un enfant, illustre M. Cardoso. S’il ne voyait pas avant, il s’impliquera davantage en classe puisqu’il sera capable de voir le tableau. Mais s’il voyait déjà bien, sa vision s’embrouillera.»
L’équipe de l’Université Concordia, supervisée par le professeur Mark A. Ellenbogen, des Instituts de recherche en santé du Canada, coupe donc l’herbe sous le pied à Cupidon: l’ocytocine n’est pas un philtre d’amour.
ANTITIMIDITÉ
Récemment, des chercheurs de l’Université de Bonn, en Allemagne, avaient indiqué qu’elle pourrait être utilisée comme traitement antitimidité ou pour solidifier les couples volages puisqu’elle favoriserait la monogamie.
Mais pour Christopher Cardoso, l’utilisation de cette hormone doit être circonscrite aux personnes présentant des troubles mentaux, comme les autistes. Elle est aussi très prometteuse pour les dépressifs, car elle les pousserait à se tourner vers autrui en cas d’événement stressant, donc empêcherait l’isolement, selon de récents travaux du Dr Ellenbogen.