Le Journal de Montreal

Le club des 100 watts

Il y a quelque chose qui me chicote dans le débat sur la charte.

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

On met tous les croyants dans le même panier, comme s’ils étaient tous pareils. Or, il y a différente­s sortes de croyants.

Il y a les gens qui croient, mais qui ne pratiquent pas.

Il y a les gens qui pratiquent, mais qui refusent de laisser leur religion dicter chacun de leurs gestes et chacune de leurs pensées. Leur religion fait partie de leur identité, mais n’est pas TOUTE leur identité.

Ces individus ont encore leur libre arbitre et ne basent pas chacune de leurs décisions sur un livre sacré qui a été écrit il y a 2000 ans et plus.

Et puis, il y a les dévots, qui s’identifien­t complèteme­nt et totalement à leur religion et qui remettent leur vie entre les mains de leur dieu.

Ce n’est pas la même chose.

Votre foi est- elle à faible ou à forte intensité ? Elle fait combien de watts ?

LUMIÈRE OU PROJECTEUR ?

Il y a une différence entre le catholique qui va à la messe une fois par an (à Noël), le catholique qui va à la messe tous les dimanches, le catholique qui va à la messe tous les dimanches et qui récite son chapelet tous les jours, et le catholique qui va à la messe tous les dimanches, qui récite son chapelet tous les jours et qui suit à la lettre les enseigneme­nts et les préceptes de l’Église catholique.

Les premiers ont une foi à faible intensité (disons 30 watts). Alors que les derniers ont une foi à forte intensité (disons 100 watts).

Peut-on s’entendre pour dire que le catholique qui porte un gros crucifix autour du cou et qui refuse de l’enlever pendant ses heures de travail a une foi à très, très haute intensité?

Que si sa foi était une lumière, elle ne serait pas une simple ampoule, mais un projecteur de cinéma?

L’HABIT NE FAIT PAS LE MOINE ?

Les adversaire­s de la charte disent que l’habit ne fait pas le moine ni le signe religieux le dévot…

Désolé les amis, mais si je vois une femme qui porte un super gros crucifix autour du cou, j’ai toutes les raisons du monde de croire qu’elle est une grenouille de bénitier qui n’aime pas beaucoup les homosexuel­s, qui est contre l’avortement et qui désapprouv­e le divorce.

Entre une musulmane qui ne porte pas le voile, une musulmane qui porte le voile mais qui accepte l’enlever de temps en temps et une musulmane qui porte le voile et qui refuse de l’enlever QUELLES QUE SOIENT LES CIRCONSTAN­CES, il y a tout un monde.

Quoi qu’en pensent certaines personnes, il y a croyance et croyance. Plus tu tripes sur le voile, plus ton voile recouvre ton corps et plus tu as de la difficulté à t’en départir, plus tu es dévote.

UNE QUESTION D’INTENSITÉ

L’État québécois ne veut pas interdire à ses employés de croire en Dieu. L’État veut juste s’assurer que la foi de ses employés ne prend pas trop de place et qu’elle n’est pas à trop forte intensité.

Il y a une différence entre être végétarien et se promener dans la rue avec une pancarte affirmant que les gens qui mangent de la viande sont des criminels.

Tout est une question de watts.

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