Chicane informatique à Laval
Une compagnie d’informatique menace de poursuivre les établissements de santé pour plus de 7 millions $
Une compagnie d’informatique estime s’être fait avoir après avoir développé un programme informatique en collaboration avec l’Agence et le Centre de santé de Laval. Gestion Zebra envisage maintenant de lancer une poursuite pour plus de 7 millions $.
Dans un enregistrement inédit dont notre Bureau d’enquête a obtenu copie, la responsable du dossier à l’Agence, Danielle StAmour, reconnaît clairement que l’entente n’a pas été respectée. «Je me suis fait fourrer d’aplomb. On s’est fait avoir parce qu’il y a quelqu’un qui travaillait dans le sens contraire de nous » , a lancé la coordonnatrice du bureau de gestion de projets de l’Agence aux dirigeants de Zebra.
En novembre 2011, le CSSS et l’Agence de Laval avaient signé une entente de partenariat commercial avec l’entreprise. Cette dernière devait développer et entretenir un entrepôt de données informatiques pour les établissements de santé de Laval. L’entrepôt servait à emmagasiner des milliers de statistiques, comme les temps d’attente à l ’ urgence, l es i nfections ou l’hospitalisation.
Zebra voulait utiliser Laval comme vitrine technologique pour son nouveau produit. L’entreprise a reçu 175 000 $ à la suite d’un appel d’offres.
Or, en parallèle, le CSSS de Laval a fait l’acquisition d’un autre système de la compagnie Mediamed.
« On n’a plus de business » , dénonce Louis Crevier, un des dirigeants de Zebra.
DIFFÉRENT AVEC LES FINANCES
Dans la discussion que son partenaire d’affaires et lui ont eue avec Danielle St-Amour et dont il nous a fourni la copie, on en apprend beaucoup sur les dessous de cette histoire. Mme StAmour blâme notamment la direction des finances du CSSS d’avoir agi à sa tête et choisi une autre solution informatique. «Les gars des finances, ça tient les cordons de la bourse et c’est ses amis.»
Elle estime que c’est de cette façon qu’on a pu contourner le moratoire sur les investissements en informatique décrété en mai 2010. « Ils appellent ça la continuité » , ditelle en référence à l’achat du module pour la première ligne.
Danielle St- Amour a proposé une solution aux administrateurs de Zebra pour poursuivre leur travail pour un an moyennant une somme de 75 000 $. « C’est un patch, c’est sûr que ce n’est pas l’idéal», reconnaît-elle dans l’enregistrement.
« AvOIr su, ON N’AurAIt pAs INvEstI DÈs LE DÉpArt. C’Est ÉCoeurANt. » – Louis Crevier, Gestion Zebra
Les dirigeants de Zebra ont donc envoyé une mise en demeure au cours des derniers jours. Ils dénoncent le fait que le CSSS et l’Agence n’ont pas agi comme vitrine technologique comme cela est stipulé dans l’entente de partenariat. Comme l’établissement avec lequel ils faisaient le projet- pilote ne retient même pas leur produit, les gens de Zebra estiment qu’il leur sera difficile de le vendre à d’autres agences ou établissements. La mise en demeure donne jusqu’à demain pour faire parvenir un chèque en fidéicommis de 7,4 millions $, soit 7 millions en pertes de revenus futurs, 300 000 $ pour les troubles et inconvénients et 100 000 $ en dommages exemplaires. Le CSSS et l’Agence ont refusé de faire de commentaire puisque le dossier est présentement entre les mains des avocats.