L’agressivité chez les jeunes enfants serait génétique
La source de l’agressivité chez les jeunes enfants se trouverait bien plus dans leurs gènes que dans leur environnement, d’après une étude de l’Université de Montréal qui vient tout juste de paraître.
Coups de poing, coups de pied, morsures et bagarres ne sont pas rares chez les moins de quatre ans. Ces manifestations de violences sont même normales, car elles sont associées à la survie de l’espèce, explique le professeur Éric Lacourse, de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine.
Toutefois, certains bouts de chou sont plus durs à cuire que d’autres. Depuis 25 ans, les scientifiques pensent que le degré d’agressivité est fonction de l’environnement social de l’enfant, qui reproduirait en fait les modèles qu’il observe autour de lui ou réagirait au traitement qu’on lui impose.
LES JUMEAUX SOUS LA LOUPE
Mais, l’équipe du Pr Éric Lacourse vient de mettre en pièces cette théorie. Pour ce faire, les chercheurs ont regardé grandir 667 couples de faux et de vrais jumeaux répartis dans la région montréalaise, avec le concours de leurs parents.
En compilant les observations des familles à 20, 32 et 50 mois, ils ont réalisé que des enfants enveloppés dans le même cocon familial et social n’ont pas nécessairement le même degré d’agressivité. Sauf s’ils ont le même bagage génétique, c’est-à-dire qu’ils sont des jumeaux monozygotes partageant 100% de leurs gènes.
PAS PERMANENT
De là à conclure que les adolescents violents ou les grands criminels sont génétiquement programmés, il y a un pas que le Pr Lacourse refuse de franchir. «Sur l’ensemble de la population, un petit 5% serait agressif chronique, mais ce n’est pas forcément génétique», indique-t-il.
«Les facteurs génétiques sont très dynamiques. Ils apparaissent et disparaissent dans le temps», poursuit le chercheur. Ainsi, avec le temps les petits sont influencés par l’environnement et l’éducation, ils mûrissent et changent leur façon d’interagir avec les autres.
La façon dont les parents et l’entourage de petits agressifs réagissent à ces gestes est donc cruciale pour le reste de la vie du jeune. «Il faut punir les comportements d’agressivité en mettant l’enfant en retrait, conseille le Pr Lacourse. Mais il n’est pas nécessaire que le parent ait un éclat d’émotion. Il ne faut être ni trop permissif ni trop coercitif.»