Le Journal de Montreal

Les notes d’entrevue resteront secrètes

La Cour supérieure casse un mandat de perquisiti­on

- Michaël Nguyen lMNguyenJD­M michael. nguyen @ quebecorme­dia.com 514.599.5888 8010

Les policiers n’auront pas accès aux notes d’entrevue de deux chercheurs qui avaient interviewé Luka Rocco Magnotta en 2007, a tranché la Cour supérieure.

L’affaire remonte cinq ans avant que Magnotta soit accusé du meurtre atroce de l’étudiant chinois Jun Lin.

Sous le pseudonyme «Jimmy», l’assassin allégué avait rencontré les docteures Christine Bruckert et Colette Parent de l’Université d’Ottawa, qui réalisaien­t une étude sur la prostituti­on masculine entre quatre murs.

Les noms des participan­ts étaient confidenti­els, mais en mai 2012, un étudiant avait refilé aux policiers la véritable identité de «Jimmy». Les autorités s’étaient empressées de saisir les documents, mais l’exercice n’aura servi à rien.

Car l’affaire s’était rendue en cour. Les chercheurs faisaient valoir que sans confidenti­alité, les gens ne voudront plus participer à ce genre d’étude. La Couronne avançait de son côté que les notes d’entrevues pourraient s’avérer utiles au procès de l’assassin allégué, prévu pour septembre prochain.

Après huit mois de délibérati­on, la juge Sophie Bourque a finalement donné raison aux deux professeur­s.

«Les recherches académique­s fournissen­t des informatio­ns utiles sur certains aspects de la condition humaine qui passe sous silence, a indiqué la magistrate dans son jugement rendu mardi. [...] Certaines études impliquant des su- j ets vulnérable­s ne peuvent être conduites que si les participan­ts reçoivent la garantie de confidenti­alité.»

AU « CAS PAR CAS »

Mais chaque dossier doit être traité au cas par cas, a prévenu la juge. Car il faut trouver un équilibre entre l’intérêt public de ces recherches et celui de mener une enquête sur un crime grave.

Pour l’Associatio­n canadienne des professeur­s et professeur­es d’université (ACPPU), il s’agit d’une décision importante.

«Pour la première fois, la Cour accorde aux chercheurs le privilège de confident i alité, s’est réjoui l e directeur de l’ACPPU James Turk. Ça reste toujours une affaire de cas par cas, mais nous sommes très contents de la décision.»

Du côté de la Couronne, on évalue maintenant la décision de porter l’affaire en Cour d’appel, mais aucune décision n’a encore été prise, a fait savoir le porte-parole du directeur des poursuites criminelle­s et pénales Me Jean-Pascal Boucher.

Rappelons d’ailleurs que Magnotta avait subi son enquête préliminai­re, et que les notes d’entrevue des deux docteures n’avaient pas été déposées en preuve. Malgré tout, l’accusé de 31 ans avait été cité à procès pour une série d’accusation­s, dont une de meurtre prémédité sur Jun Lin, 32 ans, le 25 mai 2012.

Magnotta fait aussi face à des chefs d’outrages à un cadavre, de production et distributi­on de matériel obscène, d’utilisatio­n illégale de la poste et de harcèlemen­t envers le premier ministre Stephen Harper et des membres du Parlement.

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Luka Rocco Magnotta avait été interviewé par des chercheurs d’Ottawa sur la prostituti­on masculine cinq ans avant le meurtre de Jun Lin dont il est accusé
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