Direct dans le mur
Présentation lucide et fracassante de la Chaire de recherche sur la fiscalité de l’Université de Sherbrooke hier concernant les finances publiques du Québec. L’exercice qu’ils ont fait: déterminer si les finances publiques du Québec sont viables à long terme. Leur réponse est non.
Ils ont utilisé les meilleures méthodes scientifiques recommandées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour évaluer si le modèle québécois est viable du point de vue financier. Ils ont intégré toutes les variables: le niveau de nos services publics, la croissance économique, l’endettement du Québec, le vieillissement de la population et le coût des soins de santé. En fait, ce genre de projection devrait émaner de notre ministère des Finances. D’ailleurs, des évaluations semblables existent probablement,
EN TERMES SIMPLES, NOUS VIVONS AU- DESSUS DE NOS MOYENS
mais le gouvernement préfère ne pas présenter au public des scénarios qui compliqueraient la réalité politique.
INSOUTENABLE
La conclusion de cette présentation est brutale: si aucun virage n’est pris, le Québec fonce directement dans un mur. Le déficit du Québec atteindrait 17 G$ en 2030 et 63 G$ en 2050. Des chiffres qui font peur et présentent une situation insoutenable du point de vue de l’endettement public.
Les économistes ont aussi poussé l’exercice plus loin en élaborant un scénario pessimiste et un scénario optimiste. Encore plus inquiétant. Dans le scénario dit optimiste, on imagine ce qui se produirait si tout allait mieux que prévu: l’économie, la démographie, les dépenses publiques, etc. Même avec tous les baromètres au beau, les finances publiques du Québec ne dégageraient jamais un sou de surplus pour rembourser la dette. Au mieux, on cesserait de faire des déficits.
UN TROU SPECTACULAIRE!
Par contre, dans le scénario dit pessimiste, les chiffres du déficit deviennent si énormes que ça donne froid dans le dos. Trente-quatre milliards en 2030 et 123 G$ en 2050! Pas de faute de frappe, vous avez bien lu. La plupart des gens d’affaires aguerris vous diront que pour réussir et par prudence, il faut toujours tenir compte du scénario pessimiste.
Cette étude ne surprend pas quiconque s’est penché attentivement sur les finances publiques du Québec ces dernières années. Notre dette augmente de façon alarmante, même dans les années où les chiffres «officiels» présentent un déficit à zéro. Et les experts croient que le retour au déficit annoncé par le ministre Nicolas Marceau pour les prochaines années est fondé sur une réalité structurelle et non pas simplement circonstancielle.
C’est ça que décrit le rapport présenté hier: un problème structurel. Lorsqu’on dit structurel, on parle d’un problème chronique, d’un problème de fond, lié à notre niveau de dépenses trop élevé pour notre richesse collective. En termes simples, nous vivons au-dessus de nos moyens. Rappelons que nous nous sommes donné des programmes sociaux plus généreux que ceux des autres provinces et une fonction publique plus grosse, tout cela en sachant que nous sommes l’une des provinces les plus pauvres du Canada.
La question que nous laisse ce rapport est simple: on continue comme les braves violonistes sur le pont du Titanic ou… on réforme!
Que pensez-vous de l’état des finances du Québec? Quelles solutions y voyez-vous? Venez en débattre jdem.com/mdumont