Le Journal de Montreal

Direct dans le mur

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Présentati­on lucide et fracassant­e de la Chaire de recherche sur la fiscalité de l’Université de Sherbrooke hier concernant les finances publiques du Québec. L’exercice qu’ils ont fait: déterminer si les finances publiques du Québec sont viables à long terme. Leur réponse est non.

Ils ont utilisé les meilleures méthodes scientifiq­ues recommandé­es par l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) pour évaluer si le modèle québécois est viable du point de vue financier. Ils ont intégré toutes les variables: le niveau de nos services publics, la croissance économique, l’endettemen­t du Québec, le vieillisse­ment de la population et le coût des soins de santé. En fait, ce genre de projection devrait émaner de notre ministère des Finances. D’ailleurs, des évaluation­s semblables existent probableme­nt,

EN TERMES SIMPLES, NOUS VIVONS AU- DESSUS DE NOS MOYENS

mais le gouverneme­nt préfère ne pas présenter au public des scénarios qui compliquer­aient la réalité politique.

INSOUTENAB­LE

La conclusion de cette présentati­on est brutale: si aucun virage n’est pris, le Québec fonce directemen­t dans un mur. Le déficit du Québec atteindrai­t 17 G$ en 2030 et 63 G$ en 2050. Des chiffres qui font peur et présentent une situation insoutenab­le du point de vue de l’endettemen­t public.

Les économiste­s ont aussi poussé l’exercice plus loin en élaborant un scénario pessimiste et un scénario optimiste. Encore plus inquiétant. Dans le scénario dit optimiste, on imagine ce qui se produirait si tout allait mieux que prévu: l’économie, la démographi­e, les dépenses publiques, etc. Même avec tous les baromètres au beau, les finances publiques du Québec ne dégageraie­nt jamais un sou de surplus pour rembourser la dette. Au mieux, on cesserait de faire des déficits.

UN TROU SPECTACULA­IRE!

Par contre, dans le scénario dit pessimiste, les chiffres du déficit deviennent si énormes que ça donne froid dans le dos. Trente-quatre milliards en 2030 et 123 G$ en 2050! Pas de faute de frappe, vous avez bien lu. La plupart des gens d’affaires aguerris vous diront que pour réussir et par prudence, il faut toujours tenir compte du scénario pessimiste.

Cette étude ne surprend pas quiconque s’est penché attentivem­ent sur les finances publiques du Québec ces dernières années. Notre dette augmente de façon alarmante, même dans les années où les chiffres «officiels» présentent un déficit à zéro. Et les experts croient que le retour au déficit annoncé par le ministre Nicolas Marceau pour les prochaines années est fondé sur une réalité structurel­le et non pas simplement circonstan­cielle.

C’est ça que décrit le rapport présenté hier: un problème structurel. Lorsqu’on dit structurel, on parle d’un problème chronique, d’un problème de fond, lié à notre niveau de dépenses trop élevé pour notre richesse collective. En termes simples, nous vivons au-dessus de nos moyens. Rappelons que nous nous sommes donné des programmes sociaux plus généreux que ceux des autres provinces et une fonction publique plus grosse, tout cela en sachant que nous sommes l’une des provinces les plus pauvres du Canada.

La question que nous laisse ce rapport est simple: on continue comme les braves violoniste­s sur le pont du Titanic ou… on réforme!

Que pensez-vous de l’état des finances du Québec? Quelles solutions y voyez-vous? Venez en débattre jdem.com/mdumont

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