Le Journal de Montreal

L’interventi­on magique

- martine desjardins martine.desjardins@quebecorme­dia.com

De nos jours, un enseignant doit arriver à faire de petits miracles tous les jours.

Les problèmes se multiplien­t au fil du temps: intégratio­n des élèves en difficulté sans l’accompagne­ment nécessaire, diminution des services d’aide à l’élève, sans compter les profession­nels qui sont surchargés. L’enseignant est donc souvent amené à combiner plusieurs tâches et chapeaux qui ne relèvent pas tout le temps de sa formation. On s’attend parfois à ce qu’il fasse de la magie.

Je me souviens, en 2009, que le gouverneme­nt libéral avait fait une consultati­on auprès de plusieurs acteurs du milieu sur la question des élèves à risque et en difficulté. Lors des discussion­s de petits groupes, une directrice d’école avait alors mentionné qu’il serait utile que les enseignant­s reçoivent dans leur formation des cours de médecine. Cela leur permettrai­t, selon elle, de mieux intervenir. Je me souviens d’avoir alors pris la parole pour dire qu’il serait préférable de donner davantage de cours de développem­ent de l’enfant et d’interventi­on que de chercher encore une fois à ajouter des chapeaux aux enseignant­s. Former des citoyens, c’est déjà beaucoup!

Devant cette pression de performanc­e et surtout devant leur tâche colossale, plusieurs enseignant­s sont tentés d’utiliser des techniques d’impact pour intervenir en classe. Qu’est-ce que c’est? Laissez-moi vous expliquer.

FAIRE RÉAGIR L’ÉLÈVE

Une technique d’impact consiste à utiliser des métaphores, des histoires, des chansons, des mises en scène conçues

Plusieurs enseiGnant­s sont tentés d’utiliser des techniques d’imPact Pour intervenir en classe

pour choquer l’élève et le faire réagir afin de changer son attitude et son comporteme­nt. Le terme «impact» fait référence donc à ce choc cognitif ou émotif suscité par l’interventi­on qui force l’élève à réfléchir sur son comporteme­nt, du moins c’est ce qu’on tente de faire. Il s’agit souvent d’interventi­ons un peu théâtrales qui semblent par leur apparence plutôt attrayante­s, d’où leur popularité grandissan­te. Plusieurs livres sont d’ailleurs disponible­s et laissent croire que leur réalisatio­n est simple et efficace.

Par contre, leur utilisatio­n ne se fait pas sans risque. Pour utiliser ces techniques, il faut avoir reçu une formation appropriée, notamment en psychologi­e. Il faut connaître par coeur le développem­ent de l’enfant autant social, cognitif que physique. Il faut avoir évalué toutes les réactions de ce dernier, pouvoir contrôler l’environnem­ent et surtout être disponible avant, pendant et après l’interventi­on pour fournir à l’enfant un suivi approprié. Il faut aussi s’assurer que nous n’avons pas généré chez l’enfant des réactions inappropri­ées ou contraires à ce qui était visé au départ.

FORMATION ESSENTIELL­E

Avec toutes les contrainte­s que cela demande et surtout l’impossibil­ité pour un enseignant de contrôler l’ensemble des facteurs entourant l’interventi­on, il est encore étonnant que certains recourent à ce type d’actions qui, au départ, peuvent fonctionne­r, mais qui génèrent des réactions problémati­ques à long terme.

L’interventi­on pédagogiqu­e et comporteme­ntale, ce n’est pas un tour de magie. Cela demande une formation et des compétence­s que seuls les profession­nels possèdent. Il faut donc plus de profession­nels en milieu scolaire, pour permettre aux enseignant­s de se concentrer sur ce qu’ils ont à faire qui est déjà surhumain: développer les citoyens de demain.

Que vous inspire cette technique d’impact qu’utilisent certains enseignant­s? Venez en débattre jdem.com/mdesjardin­s

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