L’intervention magique
De nos jours, un enseignant doit arriver à faire de petits miracles tous les jours.
Les problèmes se multiplient au fil du temps: intégration des élèves en difficulté sans l’accompagnement nécessaire, diminution des services d’aide à l’élève, sans compter les professionnels qui sont surchargés. L’enseignant est donc souvent amené à combiner plusieurs tâches et chapeaux qui ne relèvent pas tout le temps de sa formation. On s’attend parfois à ce qu’il fasse de la magie.
Je me souviens, en 2009, que le gouvernement libéral avait fait une consultation auprès de plusieurs acteurs du milieu sur la question des élèves à risque et en difficulté. Lors des discussions de petits groupes, une directrice d’école avait alors mentionné qu’il serait utile que les enseignants reçoivent dans leur formation des cours de médecine. Cela leur permettrait, selon elle, de mieux intervenir. Je me souviens d’avoir alors pris la parole pour dire qu’il serait préférable de donner davantage de cours de développement de l’enfant et d’intervention que de chercher encore une fois à ajouter des chapeaux aux enseignants. Former des citoyens, c’est déjà beaucoup!
Devant cette pression de performance et surtout devant leur tâche colossale, plusieurs enseignants sont tentés d’utiliser des techniques d’impact pour intervenir en classe. Qu’est-ce que c’est? Laissez-moi vous expliquer.
FAIRE RÉAGIR L’ÉLÈVE
Une technique d’impact consiste à utiliser des métaphores, des histoires, des chansons, des mises en scène conçues
Plusieurs enseiGnants sont tentés d’utiliser des techniques d’imPact Pour intervenir en classe
pour choquer l’élève et le faire réagir afin de changer son attitude et son comportement. Le terme «impact» fait référence donc à ce choc cognitif ou émotif suscité par l’intervention qui force l’élève à réfléchir sur son comportement, du moins c’est ce qu’on tente de faire. Il s’agit souvent d’interventions un peu théâtrales qui semblent par leur apparence plutôt attrayantes, d’où leur popularité grandissante. Plusieurs livres sont d’ailleurs disponibles et laissent croire que leur réalisation est simple et efficace.
Par contre, leur utilisation ne se fait pas sans risque. Pour utiliser ces techniques, il faut avoir reçu une formation appropriée, notamment en psychologie. Il faut connaître par coeur le développement de l’enfant autant social, cognitif que physique. Il faut avoir évalué toutes les réactions de ce dernier, pouvoir contrôler l’environnement et surtout être disponible avant, pendant et après l’intervention pour fournir à l’enfant un suivi approprié. Il faut aussi s’assurer que nous n’avons pas généré chez l’enfant des réactions inappropriées ou contraires à ce qui était visé au départ.
FORMATION ESSENTIELLE
Avec toutes les contraintes que cela demande et surtout l’impossibilité pour un enseignant de contrôler l’ensemble des facteurs entourant l’intervention, il est encore étonnant que certains recourent à ce type d’actions qui, au départ, peuvent fonctionner, mais qui génèrent des réactions problématiques à long terme.
L’intervention pédagogique et comportementale, ce n’est pas un tour de magie. Cela demande une formation et des compétences que seuls les professionnels possèdent. Il faut donc plus de professionnels en milieu scolaire, pour permettre aux enseignants de se concentrer sur ce qu’ils ont à faire qui est déjà surhumain: développer les citoyens de demain.
Que vous inspire cette technique d’impact qu’utilisent certains enseignants? Venez en débattre jdem.com/mdesjardins