Effets pervers des taxes sur le vice
AGENCE QMI | Aux prises avec un déficit budgétaire, un gouvernement peut être tenté d’augmenter les taxes sur l’alcool et le tabac.
«Or, dans les faits, loin d’être la solution miracle aux problèmes budgétaires et de santé publique, les taxes puritaines ont souvent des conséquences non désirées, a affirmé l’Institut économique de Montréal (IEDM) dans une étude dévoilée hier.
Premier effet pervers: l’État devient dépendant de taxes sur le vice. Des taxes dites temporaires deviennent même permanentes. Par exemple, Québec a doublé en 1976 la taxe olympique sur le tabac pour rembourser la dette de la construction du stade. Taxe qui a été maintenue après la disparition de la dette. L’IEDM a affirmé que seulement 18,4% des recettes de cette taxe ont été utilisées aux fins prévues.
Deuxième effet pervers: si la taxation pèse trop lourd, les consommateurs se tournent vers le marché noir et les revenus du gouvernement baissent.
Le cas de la cigarette au début des an- nées 1990 est éloquent: après une forte augmentation des taxes, le tabac de contrebande est devenu populaire.
MÉNAGES DÉFAVORISÉS
Troisième effet pervers: ces taxes sont régressives. Le taux de tabagisme des plus pauvres étant 50% plus élevé que celui des plus riches, la taxe sur le tabac du Québec frappe les démunis quatre fois plus durement que les plus nantis, a calculé l’IEDM.
En 2009, les ménages défavorisés qui fumaient ont dépensé 869 $ par an ou 5,2% de leur revenu en taxes sur le tabac pendant que les plus riches déboursaient 1778 $ en taxes, soit 1,4% de leur revenu.
Dernier effet pervers: taxer ne modifie pas les comportements à long terme. En introduisant des taxes sur le tabac et l’alcool, un gouvernement fait momentanément reculer la consommation, puis celle-ci «atteint généralement un seuil à partir duquel les utilisateurs restants auront tendance à ne plus modifier leur comportement», a souligné l’IEDM.