18 000 litres déversés en catimini
Une fuite de carburant d’aviation à l’usine Rolls Royce
« COMME L’ENTREPRISE A OMIS D’AVISER SANS DÉLAI LE MINISTRE DE CE DÉVERSEMENT, UN AVIS DE NON- CONFORMITÉ A ÉTÉ ACHEMINÉ » – LUC ST-MARTIN, CENTRE DE CONTRÔLE ENVIRONNEMENTAL DE MONTRÉAL
Le plus gros déversement d’hydrocarbures des dernières années à Montréal a eu lieu le 25 mai dernier à l’usine Rolls- Royce de Lachine sans que la population en soit informée. Même le ministère de l’Environnement n’a été prévenu que plusieurs heures après la fuite de 18 000 litres de carburant d’aviation dont une partie s’est retrouvée dans le réseau d’égout sanitaire.
Plusieurs citoyens ont été indisposés par les odeurs provenant des égouts dans les heures qui ont uivi le déversement sans savoir de quoi il s’agissait. Le service des incendies de Montréal a même reçu l’appel de citoyens inquiets.
Pourtant, aucun avis n’a été envoyé à la population. Selon ce que notre Bureau d’enquête a pu apprendre, la fuite provenait d’un système d’alimentation en carburant des bancs d’essai servant à tester les moteurs d’avion. La maj eure partie du j et fuel s’est retrouvée dans le sol. Environ 2000 litres ont pu être récupérés sur place alors qu’une quantité indéterminée s’est rendue dans le système d’égout.
« Selon un responsable de l ’ arrondissement, il était impossible de récupérer quoi que ce soit au niveau du réseau d’égout considérant le fort débit d’eau » , indique Luc St-Martin, directeur régional du Centre de contrôle environnemental de Montréal, Laval, Lanaudière et Laurentides.
AVERTI EN RETARD
Même si l e déversement a eu l i eu entre 1 h 36 et 3 h du matin dans l a nuit du 24 au 25 mai, le ministère de l’Environnement n’a été prévenu que le lendemain matin vers 8 h 30 au moment où une entreprise de pompage se rendait sur place.
Pourtant, la loi oblige une entreprise victime d’un déversement accidentel à prévenir le ministre sans délai.
Un avis de non- conformité a d’ailleurs été envoyé à l’entreprise dès le 27 mai et le ministère de l’Environnement évalue la possibilité de sanctions administratives ou de recours légaux contre l’entreprise.
PLUS GROS DÉVERSEMENT
Dans les heures qui ont suivi, des mesures ont tout de même été prises par Rolls-Royce pour limiter la dispersion. Le responsable du développement durable au Comité exécutif de la Ville de Montréal, Réal Ménard, se veut rassurant. « Oui, c’est une quantité importante, mais il n’y a pas de dommages environnementaux » , soutient- il. « Je n’ai pas d’information qui permet d’avancer que le réseau d’égout sanitaire a été contaminé. Pour l’essentiel, c’est resté au niveau du sol » , dit- il en expliquant que cinq mesures ont été prises pour limiter les dégâts, dont des puits de captage, des boudins absorbants et des cheminées pour les odeurs.
Il s’agit de la plus grande quantité d’hydrocarbures déversés à Montréal depuis 2008, selon l e registre des signalements d’Urgence- Environnement. En décembre 2009, un déversement de 5000 litres d’essence a été signalé au 7000, avenue Marien dans l’est de Montréal.
Le 30 avril dernier, un avion d’essai pour Pratt & Whitney a largué des milliers de litres de carburant au nord de Mont-Tremblant. Le carburant s’est toutefois évaporé dans l’air en fines gouttelettes avant d’atteindre le sol.