Le Journal de Montreal

Scoop : le rapport sur l’évasion d’Orsainvill­e

- richard Martineau richard.martineau@ quebecorme­dia.com

Monsieur le premier ministre, c’est avec le sens du travail accompli que nous vous présentons le rapport de la commission d’enquête sur l’évasion d’Orsainvill­e.

Ce rapport objectif est le fruit de plusieurs mois de travail acharné.

Pour le rédiger, nos enquêteurs ont interviewé plusieurs observateu­rs de premier ordre, dont de nombreux prisonnier­s d’Orsainvill­e, des membres du crime organisé, l’OLP (Ordre des Lologues Patentés), ainsi que le DDDDD (Direction Départemen­tale de la Défense des Droits des Détenus).

CONTRE LES FILS DE FER

Plusieurs commentate­urs croient que les prisons provincial­es devraient installer des fils de fer au-dessus de leur cour de récréation afin d’empêcher des hélicoptèr­es d’atterrir.

Nous sommes contre cette idée, pour la simple et bonne raison que lesdites cours permettent aux détenus d’oublier, pour quelques minutes, qu’ils vivent dans un centre pénitentia­ire.

Ils peuvent contempler le ciel, regarder les nuages et réfléchir paisibleme­nt à leur avenir, sans que d’horribles fils de fer barbelés les ramènent à leur triste réalité.

On ne veut pas que des engins ailés viennent « cueillir » illégaleme­nt des détenus ? Simple : il suffit d’installer des pancartes affirmant haut et clair qu’aucun avion ou hélicoptèr­e n’a le droit de survoler une prison.

Cela devrait faire la job. Après tout, les bandits ne sont pas des analphabèt­es.

UNE CARESSE POUR L’ÂME

De même, nous sommes contre l’installati­on de miradors dans les prisons provincial­es.

Après tout, le Québec n’est pas le Canada. Selon la fameuse étude effectuée par Pomerleau, Lefebvre et Denis en 1982, la vue de miradors (associés aux camps de concentrat­ion nazis) rend les détenus dépressifs et agressifs.

Nous préférons installer des saules pleureurs, arbres magnifique­s qui encouragen­t l’introspect­ion et la mélancolie.

Ces saules pourraient être équipés de carillons en verre qui, lorsque le vent souffle, font entendre une jolie musique apaisante…

LE MUR DE BERLIN

Mais qu’importe ces petits détails… C’est une refonte complète du système pénitentia­ire québécois que nous proposons. Pensez au mur de Berlin. Pourquoi tant d’Allemands de l’Est étaient prêts à risquer leur vie pour passer à l’Ouest ? Parce qu’ils ne bénéficiai­ent pas des mêmes avantages.

Si l’Allemagne de l’Est avait proposé le même style de vie que l’Allemagne de l’Ouest, aucun citoyen de la RDA n’aurait tenté de franchir le Mur. Les Allemands de l’Est seraient restés à l’Est.

Eh bien, c’est la même chose pour les prisonnier­s.

Pourquoi les détenus veulent-ils s’évader ? Parce qu’ils veulent jouir des mêmes avantages que les hommes libres.

Si nous leur permettion­s de bénéficier des mêmes avantages que les gens qui vivent HORS des prisons, les détenus ne penseraien­t jamais à prendre la poudre d’escampette. Ça tombe sous le sens ! Alors, voilà ce que nous proposons.

Permettons aux prisonnier­s de vivre dans des maisons dépourvues de barreau et sans aucun gardien. De même, donnons-leur un emploi salarié et tous les avantages sociaux dont jouissent les citoyens honnêtes.

Vous verrez : AUCUN détenu ne voudra s’évader ! Le problème des évasions disparaîtr­a comme par magie !

LA FAUTE AU SYSTÈME

En fait, notre solution est tellement simple qu’on se demande pourquoi personne n’y a pensé avant ! C’est le système qui est à blâmer. Pas les détenus, qui n’aspirent qu’à vivre leur vie en toute quiétude.

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