Malades inopérables sauvés
Une nouvelle prothèse cardiaque donne une nouvelle vie à des personnes autrefois condamnées
Grâce à une prothèse cardiaque de nouvelle génération, une équipe du CHUM est la première en Amérique du Nord à pouvoir sauver des malades qui auraient été inopérables il y a cinq ans à peine.
« Vois- tu, même quand t’es vieux, tu peux être de nouvelle génération » , plaisante Jean Laroche, cinq heures à peine après être sorti du bloc opératoire.
À 76 ans, il est le premier Québécois à avoir reçu la toute nouvelle valve cardiaque Lotus qui s’installe à l’aide d’un cathéter, et qui a la particularité de pouvoir être déplacée et repositionnée après son installation.
CALCIFICATION AORTIQUE
Cette prothèse cardiaque vient remplacer la petite valve qui contrôle l’entrée du sang dans le coeur de M. Laroche. Sa valve d’origine a perdu son élasticité et n’était donc plus capable de contrôler correctement l’afflux sanguin vers le coeur.
Aucun médicament ne soigne ce mal qui touche 7 % des plus de 75 ans. Pour les plus atteints, la prothèse cardiaque est la seule option. Avant 2009, la chirurgie à coeur ouvert était un passage obligé.
Mais M. Laroche n’aurait pas supporté une opération si risquée en raison des quatre pontages qu’il a déjà subis. Sans la nouvelle valve Lotus, il aurait été condamné et serait rapidement devenu un poids pour ses proches et le système de santé.
Au lieu de cela, il pourra enfourcher son vélo et tondre son gazon dans une semaine, indique son cardiologue, le Dr Jeannot Potvin.
«Ça réduit la mortalité de façon exceptionnelle et ça améliore grandement la qualité de vie», souligne son collègue, le Dr Jean-François Gobeil, qui a également participé à l’opération avec quatre autres chirurgiens.
LE DROIT À L’ERREUR
Ensemble, en seulement deux heures, ils ont pu repositionner la prothèse de M. Laroche deux fois avant d’être parfaitement satisfaits de son ajustement, chose qui aurait été impossible avant l’arrivée de la valve Lotus.
Avant cette nouvelle technologie, les médecins n’avaient qu’une chance de réussir. Ils évaluaient à l’oeil l’endroit où placer la prothèse à l’aide d’échographies et de rayons X, mais s’ils se trompaient d’un demi- millimètre, ils ne pouvaient pas recommencer et le patient devait vivre avec les imperfections.
Grâce aux avancées scientifiques, « on s’en va vers la prothèse idéale», sourit le Dr Jean-Bernard Masson.