Le Journal de Montreal

Une dame de 53 ans placée dans un CHSLD contre son gré

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T f514 503-6974 cheloise. archambaul­t @ quebecorme­dia.com

Une femme de 53 ans atteinte de sclérose en plaques a été placée dans un CHSLD à Terrebonne contre son gré il y a trois semaines, à défaut d’avoir un autre endroit où aller.

«Je suis dans une prison, confie Sylvie Cayer, tout en jetant un regard à la fenêtre de sa chambre. Je me suis toujours dit que je n’irais jamais dans un centre. Tout ce que je veux, c’est un appartemen­t.»

PLACÉE MALGRÉ ELLE

Atteinte de sclérose en plaques depuis près de 20 ans, la dame a perdu l’usage de ses jambes, et a besoin d’aide au quotidien. Seuls ses bras bougent un peu, mais elle a encore toute sa tête.

Le 31 mai dernier, la femme de 53 ans a été placée au centre d’hébergemen­t de soins de longue durée (CHSLD) des Moulins, à Terrebonne.

En raison de problèmes de santé, la dame s’ était retrouvée à l ’ hôpital Pierre- Le Gardeur, à Terrebonne, le 13 mars dernier. Sans logis depuis, la direction l’a finalement placée dans un CHSLD après près de trois mois d’hospitalis­ation.

Or, Mme Cayer souhaitait plutôt qu’on l’aide à se trouver un logement où elle pourrait recevoir de l’aide à domicile.

« On m’a donné deux choix de CHSLD comme si je devais choisir un magasin. Mais ce n’est pas ce que je veux. On s’est débarrassé de moi » , croit celle qui a toujours habité dans un logement auparavant.

À son arrivée à la résidence, Mme Cayer dit avoir eu un choc.

LES PORTES BARRÉES

« C’est la prison ici. Est- ce un crime d’être malade au Québec, demande- t- elle? Je n’ai rien contre les gens âgés, mais ce n’est pas ma place. C’est illogique.»

Puisque des résidents sont atteints de démence sur son étage, les portes sont verrouillé­es pour éviter les fugues.

Elle déplore par ailleurs qu’on refuse de l’amener à l’extérieur, et qu’il n’y ait pas d’air conditionn­é dans sa chambre.

« Je passe mes journées enfermée ici. Avec la canicule, c’était épouvantab­le » , raconte-t-elle.

« On ne peut pas la l aisser seule à l’extérieur, c’est une question de sécurité», répond Pierre Racine, le directeur général du CHSLD.

À son arrivée, l a dame dit avoir demandé une cloche adaptée à sa dextérité lorsqu’elle a besoin d’aide.

CRIER À L’AIDE

«Et j’attends toujours. Je dois crier «au secours» quand j’ai besoin d’aide. C’est inhumain. Comme c’est là, ce n’est pas la maladie qui va m’emporter.»

Par ailleurs, M. Racine souligne que le CSSS est responsabl­e du placement des usagers.

« C’est clair que la dame ne veut pas être ici, avoue- t- il. Dans le contexte où elle n’a pas d’autre endroit où aller, nous allons travailler à l’aider à accepter sa réalité.»

De son côté, le CSSS répond qu’une fois le transfert complété, le CHSLD devient responsabl­e du soutien social des résidents.

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Sylvie Cayer passe ses journées dans sa chambre puisqu’elle ne peut aller à l’extérieur à moins qu’un proche l’y emmène.

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