Libéré à 60 ans
Aujourd’hui, à 74 ans, Jean-Guy Ouellet est en paix avec lui-même. Mais cela lui aura pris 60 ans, une carrière de prêtre et 23 ans de mariage avant d’arriver à assumer son orientation sexuelle.
Jean-Guy Ouellet a toujours su qu’il était attiré par les hommes. Mais époque oblige, quand il est arrivé à l’âge de faire des choix, il s’est tourné vers la théologie. Puis, animé par le désir d’avoir des enfants, il s’est marié, à 35 ans, avec une ancienne religieuse. Le couple aura deux enfants.
M. Ouellet était évidemment tiraillé. Il a même parlé de son désir à sa femme. «Mais je ne l’ai jamais trompée, insiste-t-il. Un moment donné, c’est elle qui m’a dit: “Si tu ne vis pas ça avant de mourir, tu vas le regretter…” Ça m’a beaucoup aidé.»
À 60 ANS
Alors âgé de 60 ans, M. Ouellet a fait sa sortie auprès de ses enfants et s’est séparé de sa femme.
C’est une véritable libération pour le sexagénaire. «Les gens ne me reconnaissaient plus. J’étais beaucoup plus épanoui. C’est comme s’il y avait une partie de moi qui était à part, tout ce temps-là.»
Dès lors, Jean-Guy Ouellet a entrepris de trouver l’amour, le vrai. Il a eu quelques compagnons, mais aucune relation à long terme. Aujourd’hui, il vit seul, dans une résidence privée pour retraités de Laval, au bord de l’eau. Il s’y dit très bien depuis son arrivée, il y a deux ans. Jamais il n’a senti de discrimination de la part des autres résidents.
Il dit ne pas avoir fermé la porte à l’amour, mais reste lucide. «Je laisse venir, en gros, dit-il, pensif. Ce n’est pas grave. Je ne rêve plus en couleurs. Il faudrait vraiment qu’on s’entende très bien pour qu’il vienne vivre avec moi ou l’inverse!» lance-t-il en riant.