Un chauffard demande sa semi-liberté
Il a purgé le tiers de ses trois années de prison, après avoir blessé grièvement trois adolescentes
Pour la deuxième fois en un an, le jeune chauffard Laurent Raymond tentera d’obtenir sa semi- liberté. Et le père d’une des trois adolescentes blessées espère que, cette fois, il aura fait des progrès.
«Ma crainte, c’est qu’il n’ait rien compris, a confié Nicola Di Iorio au Journal, ce mardi. Quels moyens a-t-il développé pour ne pas s’exciter au volant quand il pourra à nouveau conduire?»
Raymond, 22 ans, en est rendu au tiers de sa sentence qu’il purge au pénitencier Saint- François, à Laval. Et six mois après un premier échec devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada, il a obtenu une deuxième chance de convaincre les commissaires qu’il a changé.
« On veut voir des preuves, ne lâchez pas!» avaient lancé les commissaires au jeune homme au terme de sa première audience en décembre dernier.
C’est que sa détention s’était passée sans heurts, mais Raymond avait encore du travail à faire avant de pouvoir quitter le pénitencier, avaient estimé les commissaires. Car même si le grave accident qu’il avait causé remonte au 24 juillet 2010, le prisonnier n’avait toujours pas vraiment développé d’empathie envers ses victimes.
ACTE IRRESPONSABLE
La nuit du drame, Raymond filait au moins à 90 km/h sur le boulevard Graham, à Ville Mont-Royal. Il avait bu, mais ça ne l’avait pas empêché de prendre le volant avec trois adolescentes à bord malgré son permis probatoire.
«Ce soir-là restera à jamais gravé dans ma mémoire comme l a plus grande honte de ma vie», avait plus tard dit le chauffard.
Car il avait perdu le contrôle du véhicule pour frapper un arbre de plein fouet. Raymond s’en était sorti indemne, mais pas les passagères. Claudia Di Iorio était tombée dans le coma, Évelyne Méthot s’est fracturé la colonne vertébrale, entre autres, tandis que Justine Rozon a perdu une partie de son intestin.
MANQUE D’EMPATHIE
Lorsqu’il avait écopé de trois ans d’incarcération, Raymond s’était excusé pour sa conduite « plus qu’irresponsable». Il avait dit être «prêt à payer» pour ses torts avant de prendre le chemin du pénitencier.
Mais si son séjour derrière les barreaux s’est déroulé sans heurts, il avait encore du travail à faire. Car il jure regretter son geste, mais il n’arrivait toujours pas, lors de sa première audience, à se mettre dans la peau de ses victimes.
«On aurait souhaité que vous développiez plus d’empathie, que vous soyez en contact (avec des personnes souffrant de handicap) pour mieux saisir pourquoi elles tiennent tant à la vie», avaient dit les commissaires en décembre.
Il a eu six mois pour faire ses devoirs, et prouver qu’il a changé, pour de vrai. Car c’est ce qui compte pour Nicola Di Iorio.
« La clé pour nous, c’est la sincérité » , avait-il confié.