La vérité, rarement sur YouTube
La tuerie au Musée juif de Bruxelles le 24 mai, témoigne, une fois encore, d’une remontée de l’antisémitisme dans le monde. Dans sa version arabomusulmane, alimentée par l’ignorance et la haine d’Israël et, dans un improbable mariage d’idéologies d’extrême droite et d’extrême gauche, l’antisémitisme laïc qui carbure au mythe des Juifs aux commandes de la planète.
Des fourbes et des menteurs qui auraient inventé, exagéré et même organisé l’Holocauste pour endormir les
non-Juifs. C’est sur YouTube!
UN DÉTAIL DE L’HISTOIRE
Jean-Marie Le Pen, pour qui les chambres à gaz ne sont qu’un détail de l’histoire, disait récemment «on fera une fournée» au sujet du Juif Patrick Bruel. Sa fille Marine, chef du Front national, une «modérée», a condamné «la faute politique» mais pas l’antisémitisme du paternel qui aurait été victime, dit-elle, d’une «interprétation malveillante».
Livres, films, conférences, sites web, spectacles d’humour, la négation de l’Holocauste est devenue un business florissant et socialement acceptable. L’historien David Irving, le philosophe Roger Garaudy et le professeur de littérature Robert Faurisson, tous deux Français, en sont devenus les principaux ténors occidentaux. Repris par des milliers d’internautes qui répandent leur antisémitisme sur la Toile.
Cette Industrie aurait pourtant dû prendre du plomb dans l’aile, il y a 20 ans, à l’ouverture des archives soviétiques de l’Holocauste contenant 80 000 documents saisis à Auschwitz par les Russes en 1945.
Quand les Allemands ont abandonné Auschwitz, ils ont voulu faire disparaître les preuves du génocide, mais ont omis de brûler les documents reliés à la construction, l’exploitation et l’entretien des équipements qui ont servi à tuer près d’un million de personnes, en majorité des Juifs mais aussi des Roms, des prisonniers polonais.
À LA RECHERCHE DES FAITS
Le magazine français L’Express rappelle cette semaine les travaux du Français Jean-Claude Pressac, expert autodidacte des techniques d’extermination nazies qui a non seulement fouillé les archives russes, polonaises et allemandes comme personne avant lui, mais étudié en détail les ruines des bâtiments d’Auschwitz et les vestiges de l’équipement, fours, cheminées, système de ventilation, etc. En 1993, il publiait au Conseil national de
la recherche scientifique Les crématoires d’Auschwitz, la machinerie du meurtre de masse.
Un ouvrage terrifiant, dénué de témoignages et d’émotion, ce qui lui a valu des critiques, qui aligne des données techniques, plans, bons de commande, factures, etc. Preuves accablantes que la Shoah n’est ni une invention, ni une exagération.
Et pourtant, Pressac a longtemps douté de la faisabilité du génocide. Il avait mis ses talents d’enquêteur à la disposition du négationniste Robert Faurisson au début des années 80. Faurisson voulait prouver ses théories mais Pressac lui, voulait connaître la vérité. Son obsession des faits, des recherches méticuleuses ont eu raison de son scepticisme. Il s’est séparé bruyamment de Faurisson en 1982.
Morale de cette histoire: La vérité ne se trouve pas sur YouTube.
Preuves accabLantes que La shoah n’est ni une invention, ni une exagération
Depuis des mois, j’écris surtout sur l’actualité politique. Cet été, j’ai envie de vous emmener sur des chemins moins fréquentés, dont ceux de l’Histoire et de la mémoire.