Le Journal de Montreal

L’ère du retrait au bâton

Il y a eu l’ère des lanceurs, qui a incité les décideurs à diminuer la hauteur du monticule… il y a eu l’ère des stéroïdes, puis celle des produits pouvant améliorer la performanc­e des joueurs et voici que le baseball entre dans ce que l’on pourrait appel

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La saison présente est la septième de suite au cours de laquelle le nombre des retraits au bâton augmente à un rythme record.

Au cours des deux dernières années, toutes les équipes du baseball majeur ont affiché un total d’au moins 1000 retraits au bâton en attaque. C’est une première dans l’histoire des majeures.

D’ailleurs, aussi récemment qu’en 2005, seulement 17 équipes affichaien­t un total aussi élevé.

Et depuis que Mark Reynolds, des Diamondbac­ks de l’Arizona, a été le premier à franchir la «barre» des 200 retraits au bâton en 2008 (il a établi le record avec 223 en 2009), il y a toujours eu au moins un frappeur avec 200 retraits au bâton chaque saison.

Comment expliquer cette explosion de retraits au bâton? Les lanceurs sont-ils meilleurs? A-t-on développé de nouveaux lancers? Les lanceurs lancent-ils plus fort qu’auparavant? Peut-être.

Mais il faudrait peut-être croire que les frappeurs ont changé leur philosophi­e.

Avec les efforts visant à éliminer les stéroïdes et les produits visant à améliorer les performanc­es, les frappeurs visent davantage le circuit lorsqu’ils se présentent au bâton et ne croient plus au «retrait» productif qui permet à un coureur d’avancer.

Tous les clubs ne partagent pas les idées de Billy Bean, des A’s d’Oakland, qui cherche des joueurs qui ont une meilleure moyenne de présence sur les sentiers, qu’une moyenne de puissance.

QUESTION D’ARGENT

Il semble que les frappeurs reprennent le refrain qu’un frappeur de circuits roule en Cadillac et qu’un frappeur de simple roule en Volks! Il est plus facile de négocier un contrat de plusieurs millions comme frappeur de puissance qu’un frappeur qui affiche une forte moyenne au bâton.

Il fut un temps où les équipes exigeaient de leurs frappeurs qu’ils frappent la balle au champ opposé pour faire avancer un coureur du deuxième au troisième coussin ou encore qu’ils déposent un amorti-sacrifice en fin de match, alors que le pointage est égal.

Mais, de nos jours, il semble que l’art de l’amorti ou encore de l’amorti-surprise n’appartient qu’à une poignée de frappeurs.

Aussi, les joueurs talentueux des collèges tentent d’impression­ner les dépisteurs en cognant des balles à des distances prodigieus­es plutôt que de soutirer un but sur balles ou encore d’exécuter l’ABC du baseball.

Tout comme un dépisteur sera plus impression­né par un lanceur qui mesure 6 pieds et 7 et lance à 95 milles à l’heure, que par un gars de 5 pieds et 11 pouces qui touche régulièrem­ent la cible en variant constammen­t la vitesse de ses lancers.

Parlant de lanceurs, il faut quand même reconnaîtr­e que beaucoup d’entre eux lancent plus fort qu’il y a 20 ans. L’an dernier, il y avait 61 lanceurs dont les lancers atteignaie­nt 95 milles à l’heure ou plus, soit environ quatre fois plus qu’en 2002!

Sans oublier qu’on demande rarement à un lanceur partant d’officier au monticule pendant plus de six manches et que chaque équipe a aussi deux ou trois releveurs qui possèdent des rapides aussi impression­nantes!

En 1985, il n’y avait que 29 frappeurs qui avaient été retirés au bâton 100 fois au cours de la saison. Ce total est passé à 47 en 1990 et à 65 en 1996 pour atteindre 111 en 2012 et 105 en 2013.

PLUS PETIT BÂTON

Il est vrai qu’en 2010, on a réduit le diamètre du bâton de 2,75 pouces à 2,61 pouces, soit une diminution de 5 %.

De 1901 à 1980, seulement 23 frappeurs avaient connu des saisons avec plus de 150 retraits au bâton, alors qu’au cours des cinq dernières campagnes, au moins 12 frappeurs différents ont été retirés au moins 150 fois chaque année.

Bobby Bonds avait été le recordman à ce chapitre avec 189 retraits au bâton, de 1970 à 2004, alors qu’Adam Dunn avait éclipsé sa marque en étant retiré au bâton 195 fois.

Ce record a été battu trois fois dans la décennie qui a suivi.

Mais il fut une époque où la situation était toute différente. Car, au cours de sa carrière de 13 saisons, Joe DiMaggio a claqué 361 circuits et n’a été retiré sur trois prises que 369 fois et son coéquipier Yogi Berra a réussi 358 circuits et n’a été retiré au bâton que 414 fois!

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Mark Reynolds est reconnu pour être retiré sur des prises plus souvent qu’à son tour.

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