Le Journal de Montreal

Deux mondes dans un

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RIO DE JANEIRO | L’omniprésen­ce de certains joueurs de l’équipe brésilienn­e dans les publicités est tout simplement hallucinan­te.

La Coupe du monde y est pour beaucoup, mais ces annonces, me diton, roulent depuis des mois. Ils sont partout, vendant de tout.

Je n’ai jamais vu Gretzky, Crosby ou Lafleur, même à leur sommet, encore moins un joueur actuel du Canadien, avoir le quart de cette présence publicitai­re.

POTENTIEL

Les publicitai­res brésiliens ont cependant bien compris quels joueurs ont un fort potentiel commercial. Ceux-là raflent tout.

TAM est une compagnie d’aviation spécialisé­e dans les vols intérieurs. Ses annonces mettent en vedette l’ultrasympa­thique Marcelo, qui déclenche continuell­ement la sonnerie du détecteur de métal jusqu’à devoir enlever ses pantalons. C’est très amusant. campagnes publiques contre l’obésité infantile et la violence faite aux femmes.

L’AUTRE BRÉSIL

dans cette ville, riches et pauvres vivent les uns à côté des autres. Forcément, ça pète des Fois.

On voit énormément David Luiz, ses cheveux frisés et sa belle qualité d’élocution, qui le destine à une carrière dans les médias après le sport.

Le capitaine Thiago Silva, tranquille, posé, beau garçon, a tout du gendre idéal. Il est partout, mais semble s’associer à des produits conservate­urs.

Le jeune Oscar, lui, pose plutôt pour les sous-vêtements Calvin Klein.

C’est évidemment Neymar qui est le plus présent, annonçant Panasonic, Nike, Red Bull, Volkswagen et d’autres encore.

Je note qu’aucun d’entre eux n’a la peau très foncée, alors que l’équipe brésilienn­e offre toute la palette des couleurs.

Il est vrai que Pelé est très présent dans la publicité. Mais il a 74 ans et c’est un cas unique, un authentiqu­e héros national.

Ces jeunes étoiles ont aussi le bon goût de prêter leur notoriété à des

Ils sont jeunes, riches, beaux, adulés, et leurs carrières seront courtes. Qu’ils en profitent.

Pourquoi je vous raconte cela? Parce qu’il y a évidemment un autre Brésil.

Mon vol en provenance de Curitiba s’est posé à l’aéroport Antonio Carlos Jobim, au nord-est de Rio.

Lors de mes vols précédents, j’arrivais à l’aéroport Santos Dumont. Mon hôtel était à 10 minutes. La route longeait la plage. Un Brésil de carte postale.

Quand vous atterrisse­z à l’autre aéroport, le taxi vous fait d’abord traverser une zone de petites maisons inachevées à un étage abritant des familles nombreuses.

Chacune doit mesurer environ 25 mètres carrés. «C’est mieux qu’un cabanon en tôle et en carton dans une favela», dit mon chauffeur. Les murs en briques n’ont aucun revêtement. La citerne d’eau est posée directemen­t sur le toit.

L’antenne de télévision fait penser à une araignée. La rue n’est pas pavée. Ici et là, des cordes à linge et des vieux vélos qui rouillent.

Juste à côté serpente un petit ruisseau dont l’eau brunâtre ne bouge guère. Au bord du ruisseau, il y a une montagne de déchets à l’air libre.

Des enfants y fouillent, subissant la dure concurrenc­e d’oiseaux charognard­s, de la taille d’une petite dinde, qui semblent les vrais maîtres des lieux.

MORALE

J’imagine que nombre de ces enfants rêvent un jour de revêtir le célèbre maillot jaune et de poser pour Calvin Klein.

Puis, très rapidement, le taxi vous fait entrer dans le quartier des grands hôtels. Tout redevient «normal».

Dans cette ville, riches et pauvres vivent les uns à côté des autres. Forcément, ça pète des fois.

Morale de cette histoire? Il n’y a pas de morale. Je dis seulement que nos yeux doivent accepter de regarder tout ce qui se donne à voir.

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