Le Journal de Montreal

un autrE géant d’EuropE à tErrE

L’Italie éliminée par l’Uruguay dès la phase de groupes

- YANN BERNAL Agence France- Presse

NATAL | Un éclair dans l’ennui, un but inscrit du dos comme on y plante un poignard: l’Uruguay s’est qualifiée pour les huitièmes de finale du Mondial-2014 en battant l’Italie ( 1 à 0), éliminée hier.

La première conséquenc­e, c’est que le sélectionn­eur des vice- champions d’Europe, Cesare Prandelli, a présenté sa démission, imité dans la foulée par le président de la Fédération italienne (FIGC), Giancarlo Abete.

«Le projet technique est de ma responsabi­lité et j’ai annoncé à la Fédération que je remettais ma démission, car quand un projet technique faillit, il faut prendre ses responsabi­lités», a déclaré l’entraîneur.

SUAREZ A DU MORDANT

La deuxième conséquenc­e du match pourrait se porter sur Luis Suarez, qui a planté ses dents dans l’épaule gauche de Chiellini ( 80e), comme l’ont montré les images vidéo et comme le défenseur italien s’en ait plaint à l’arbitre.

Le «Pistolero», multirécid­iviste question frasques disciplina­ires, notamment avec Liverpool, risque cher. Il a été défendu par son sélectionn­eur Oscar Tabarez, qui, sans avoir vu les images, a crié à l’acharnemen­t: «C’est une Coupe du monde de football, pas une Coupe du monde de moralité de bas étage.»

La Céleste termine deuxième du groupe D et affrontera au tour suivant la Colombie, première du groupe C. Le Costa Rica, qui avait déjà son billet en poche, termine en tête après son 0 à 0 face à l’Angleterre, autre victime de renom.

Depuis son titre de championne du monde en 2006, la Nazionale est donc boutée vers sa Botte pour la deuxième fois dès le premier tour, après le fiasco du Mondial-2010. Une nouvelle éliminatio­n précoce qui suit pourtant le beau parcours de l’Euro-2012 achevé en finale (défaite de 4 à 0 face à l’Espagne).

ENCORE GODIN

La Céleste, de son côté, demi-finaliste en 2010 et vainqueur de la Copa America 2011, s’extirpe du groupe de la mort au bout du suspense, grâce à son capitaine Godin, auteur d’un curieux but du dos sur corner (81e).

Le défenseur central, titulaire du brassard depuis la blessure de Lugano, est décidément l’homme des grands rendezvous après son but à Barcelone qui avait offert le titre de champion d’Espagne à l’Atlético Madrid. Il avait aussi permis à son équipe de mener 1 à 0 en finale de la Ligue des champions, avant qu’elle ne s’écroule face au Real Madrid (4 à 1).

Un but dur à avaler pour Buffon, exemplaire avec une double parade face à Suarez et Lodeiro ( 33e) et surtout face au même Suarez qui avait perforé la défense (66e).

Un but plus important qu’esthétique, et qui traduisait finalement bien cette rencontre: le match de la peur est devenu celui de la pétrificat­ion, dérogeant à la fête du «futebol» que représente jusqu’à présent le tournoi brésilien. Un match sciant, pas loin de convoquer les mânes du Suisse-Ukraine du Mondial-2006, mémorable sommet de l’ennui.

On pourrait croire que l’arbitre s’ennuyait lui aussi tellement qu’il a décidé de sortir un carton rouge, sévère, pour Marchisio, coupable d’une charge sur Arevalo (60e). C’est là que le match s’est, un peu, emballé, avec davantage de vitesse; que les Uruguayens sont entrés dans le match.

OBJECTIF : MATCH NUL

L’Italie avait retrouvé, à l’ancienne, le goût du catenaccio, avec défense à cinq et allant à zéro, un style que Cesare Prandelli s’était efforcé de gommer depuis sa prise de fonctions en 2010.

Mais le comporteme­nt de son équipe a dessiné une volonté d’assurer le nul plus que l e spectacle, sachant qu’un nul suffisait à la qualificat­ion.

Jusqu’à la 81e minute, le technicien avait raison. Le but encaissé sur coup de pied arrêté aura donné tort à cette frilosité qui ne lui ressemble pas.

Le remplaceme­nt de Balotelli à la pause avait renforcé cette volonté de verrouilla­ge, même si «Super Mario» a livré une première période fantomatiq­ue, le temps d’une frappe écrasée sans conviction (27e) et d’un carton jaune.

La Nazionale a plutôt dominé en première période, mais sur un rythme de sénateur assoupi.

Seul Verratti, se permettant quelques crochets malicieux sur son coéquipier parisien Cavani, a secoué les draps, plus que Pirlo, auteur d’un bon coup franc détourné en corner par Muslera (12e).

Les Uruguayens avaient gagné la bataille des tribunes, eux qui chantaient: « Nous redeviendr­ons champions, comme la première fois», en 1930, à domicile. Puis il y eut le titre de 1950, conquis l ors du fameux épisode du

Maracanazo.

Le rêve couleur bleu ciel se poursuit, avec ou sans Suarez. Le rêve azzurro, lui, s’arrête net, sans Prandelli. Ciao.

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