Prenez garde à vos outils
la plupart des amputations sont causées à la maison et non plus au travail
la santé publique s’inquiète du nombre croissant de rénovateurs du dimanche victimes d’amputations, qui sont maintenant plus nombreux que les travailleurs.
Si la rénovation domiciliaire est un passe- temps populaire, les statistiques du Centre provincial d’expertise en réimplantation (CEVARMU), au centre hospit alier de l ’ Université de Montréal ( CHUM), montrent clairement que les adeptes doivent être davantage prudents.
TRAVAUX À LA MAISON
Auparavant, les accidents de travail représentaient environ les deux tiers des chirurgies de réimplantation et d’amputation. Or, ce sont maintenant les accidents domestiques qui tiennent les chirurgiens occupés.
Jusqu’ici cette année, déjà 63 patients ont été admis au CEVARMU. Le taux de réimplantation atteint 94 %.
«La tendance a complètement basculé, constate le Dr Alain Danino, directeur du CEVARMU. Il faut que les gens prennent conscience que ce sont des machines dangereuses, et on s’en sert mal.»
Parmi les outils qui causent le plus d’accidents, on retrouve le banc de scie, la scie à onglets et la fendeuse à bois. Bref, «le “kit” parfait du Québécois bricoleur», souligne le Dr Danino.
Le CEVARMU est unique au Québec: tous les patients qui nécessitent une amputation, une réimplantation ou une revascularisation y sont opérés.
Après cinq jours, ils retournent chez eux, où ils sont suivis en réhabilitation.
SURTOUT DES HOMMES
Depuis quelques années, les accidents domestiques ont tellement inquiété les chirurgiens qu’ils ont mené une enquête auprès de 132 patients pour comprendre les circonstances.
Résultat: les accidents concernent surtout les hommes qui font des rénovations à la maison. Statistique intéressante: la plupart des bricoleurs connaissaient bien leur outil puisqu’ils l’utilisaient depuis plus de 10 ans.
«Ce n’est jamais au début que l’accident survient, parce qu’on a peur et qu’on est prudent, souligne le Dr Danino. Mais, une fois qu’on est à l’aise, on arrête de suivre le protocole de sécurité, et c’est là que c’est dangereux.»
En ce sens, 70 % des patients ont rapporté que le garde de sécurité avait été levé lors de l’accident.
À N’IMPORTE QUI
Et ces accidents peuvent arriver à n’importe qui, insiste le Dr Danino. «On voit des médecins, des ingénieurs, même un démineur. Ce sont des gens compétents.»
Grâce à l’enquête menée à l’interne, les chirurgiens sont maintenant aptes à comprendre l’effet de chacune des machines sur le corps humain.
« Quand on sait si l a machine tord, écrase ou tranche, on peut mieux opérer et la réadaptation est plus facile», dit-il.