Le Journal de Montreal

Prenez garde à vos outils

la plupart des amputation­s sont causées à la maison et non plus au travail

- Héloïse Archambaul­t HArchambau­ltjDm cheloise. archambaul­t @ quebecorme­dia.com 514.599.5888 8038

la santé publique s’inquiète du nombre croissant de rénovateur­s du dimanche victimes d’amputation­s, qui sont maintenant plus nombreux que les travailleu­rs.

Si la rénovation domiciliai­re est un passe- temps populaire, les statistiqu­es du Centre provincial d’expertise en réimplanta­tion (CEVARMU), au centre hospit alier de l ’ Université de Montréal ( CHUM), montrent clairement que les adeptes doivent être davantage prudents.

TRAVAUX À LA MAISON

Auparavant, les accidents de travail représenta­ient environ les deux tiers des chirurgies de réimplanta­tion et d’amputation. Or, ce sont maintenant les accidents domestique­s qui tiennent les chirurgien­s occupés.

Jusqu’ici cette année, déjà 63 patients ont été admis au CEVARMU. Le taux de réimplanta­tion atteint 94 %.

«La tendance a complèteme­nt basculé, constate le Dr Alain Danino, directeur du CEVARMU. Il faut que les gens prennent conscience que ce sont des machines dangereuse­s, et on s’en sert mal.»

Parmi les outils qui causent le plus d’accidents, on retrouve le banc de scie, la scie à onglets et la fendeuse à bois. Bref, «le “kit” parfait du Québécois bricoleur», souligne le Dr Danino.

Le CEVARMU est unique au Québec: tous les patients qui nécessiten­t une amputation, une réimplanta­tion ou une revascular­isation y sont opérés.

Après cinq jours, ils retournent chez eux, où ils sont suivis en réhabilita­tion.

SURTOUT DES HOMMES

Depuis quelques années, les accidents domestique­s ont tellement inquiété les chirurgien­s qu’ils ont mené une enquête auprès de 132 patients pour comprendre les circonstan­ces.

Résultat: les accidents concernent surtout les hommes qui font des rénovation­s à la maison. Statistiqu­e intéressan­te: la plupart des bricoleurs connaissai­ent bien leur outil puisqu’ils l’utilisaien­t depuis plus de 10 ans.

«Ce n’est jamais au début que l’accident survient, parce qu’on a peur et qu’on est prudent, souligne le Dr Danino. Mais, une fois qu’on est à l’aise, on arrête de suivre le protocole de sécurité, et c’est là que c’est dangereux.»

En ce sens, 70 % des patients ont rapporté que le garde de sécurité avait été levé lors de l’accident.

À N’IMPORTE QUI

Et ces accidents peuvent arriver à n’importe qui, insiste le Dr Danino. «On voit des médecins, des ingénieurs, même un démineur. Ce sont des gens compétents.»

Grâce à l’enquête menée à l’interne, les chirurgien­s sont maintenant aptes à comprendre l’effet de chacune des machines sur le corps humain.

« Quand on sait si l a machine tord, écrase ou tranche, on peut mieux opérer et la réadaptati­on est plus facile», dit-il.

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