Apprendre à pagayer sans son pouce
La vie d’un kayakiste de 23 ans a complètement basculé il y a deux mois: il doit maintenant apprendre à pagayer sans son pouce droit.
Étienne Béland n’est pas près de retoucher à une fendeuse.
«On était vraiment fatigués, se rappelle-t-il. C’était à mon tour de couper. J’ai tout de suite su que c’était fini, mon pouce était parti.»
Le jeune homme se trouvait à Hawkesbury. Il a été transporté en vitesse au CHUM. Malgré tous les efforts du chirurgien, le jeune homme a perdu son pouce droit.
«Je ne le réalisais pas tout de suite. Ça a pris trois semaines avant que je regarde ma main.»
L’amputation est un choc pour tous. Mais pour Étienne Béland, un pouce en moins hypothèque aussi sa carrière. Kayakiste professionnel comme guide touristique à Québec, le jeune homme devra réapprendre à pagayer.
«Je suis en discussion avec une compagnie pour qu’on me crée une pagaie adaptée. J’ai déjà recommencé à m’entraîner depuis un mois. Mais ça fait mal comme un couteau.»
PATIENTS RESSOURCES
Le CEVARMU compte sur des patients ressources qui aident les accidentés à se remettre du choc.
«C’est le fun de voir que t’es pas tout seul, que d’autres s’en sont sortis», dit Étienne Béland.
«Le problème n’est jamais la chirurgie, c’est après, ajoute Josée Arsenault, coordonnatrice du CEVARMU. Environ 80 % de la réussite vient du patient. Ce sont des survivants qui ont vécu un traumatisme. Ils ont besoin d’être encadrés.»
Une chose est sûre, le jeune homme n’est pas près de réutiliser une fendeuse à bois.
«Plus jamais, jure-t-il. Là il faut que je m’habitue, je ne peux pas revenir en arrière.»